En apparence, Days Gone, un jeu exclusif à la PS4 lancé demain, est une énième variation du jeu de survie dans une Amérique postapocalyptique infestée par des zombies. Mais en misant sur un scénario superbement ficelé et une mécanique de jeu inventive, Bend Studio réussit à renouveler le genre.

La bouchée était peut-être trop grosse, ceci dit, si on en juge par les innombrables bogues dans ce monde ouvert qui ont quelque peu gâché notre plaisir.

Entre motards

Mais revenons à notre histoire. Nous sommes en Oregon, deux ans après qu’une épidémie ait décimé la quasi-totalité de l’humanité. Parmi les survivants, des millions ont été transformés en mutants appelés grouilleurs (« freakers » en anglais), des êtres immondes, affamés et qui marchent en horribles hordes prêtes à vous submerger. Leurs enfants, tout aussi cauchemardesques, sont gentiment appelés « têtards ».

D’autres survivants sont plus humains, mais peu recommandables : des maraudeurs organisés en bandes de pilleurs et d’assassins, et des motards qui ont divisé le territoire et mis sur pied des camps. Vous êtes l’un d’eux, Deacon St. John, un ancien militaire et ex-membre d’un club de motard appelé Mongrels.

Ce Deacon est un dur, bourré de défauts, mais plutôt droit dans cet enfer. Dès la première scène, on comprend qu’on a affaire à une narration prometteuse quand Deacon oblige un soldat à embarquer sa copine Sarah dans un hélicoptère, mais reste au sol pour aider son frère d’armes Boozer, blessé.

Ces deux personnages seront au centre d’autant de quêtes : garder Boozer en vie, trouver ce qui est arrivé à Sarah. Se greffe à cela le mystérieux NERO, composé d’agents gouvernementaux invulnérables qui mènent des expériences peu éthiques, et une enquête sur ce virus qui a zombifié autant de gens.

« Pas des zombies »

IMAGE TIRÉE DU JEU

Les habitués de Resident Evil ou du plus récent Far Cry connaissent le concept. Mais Days Gone va encore plus loin. Les dialogues sont savoureux, l’histoire est captivante et pleine de rebondissements.

Et ne dites pas à John Garvin, directeur artistique et auteur de Days Gone que nous avons joint au bout du fil, qu’il s’agit d’une autre histoire de zombies… « Les grouilleurs sont uniques, ils ont un cycle de vie bien particulier, se déplacent en hordes, représentent une menace que je n’ai jamais vue ailleurs. J’espère que les gens vont réaliser qu’il ne s’agit pas d’une autre sorte de zombies. »

Avertissement : vous serez sans cesse confronté au manque de ressources. Les munitions, la nourriture, les médicaments et surtout l’essence sont rares et vous aurez intérêt à les rationner. Même les déplacements d’un point à un autre, qu’on considère comme acquis dans la plupart des jeux, sont un défi ici : il vous faudra vous assurer que vous aurez assez d’essence et, si votre moto est abîmée, que vous pourrez trouver de la « ferraille » pour la réparer.

Cette pénurie permanente est voulue, explique John Garvin. « Nous voulions que tu sois inquiet de ne pas trouver ce dont tu as besoin, que l’environnement soit menaçant. Je voulais m’assurer que ce soit plus que de tuer des monstres, qu’il fallait survivre, créer des personnages avec des besoins humains. »

Apprendre à survivre

La moto est au cœur de ce jeu. Vous devez apprendre à la contrôler, à l’améliorer et à l’entretenir correctement. Sinon, vous vous retrouverez en pleine campagne ou au milieu du désert volcanique de l’Oregon, entouré de grouilleurs et priant pour trouver un bidon d’essence ou un capot de voiture à dévaliser.

Pour vous débrouiller, vous avez accès à des armes classiques, des mitraillettes et des pistolets vieillots, mais vous pourrez également fabriquer vos propres outils, en ajoutant par exemple des clous à un bâton de baseball ou en fabriquant des cocktails Molotov avec des bouteilles de bière trouvées. Mais vos outils s’usent vite et pourraient vous lâcher en plein combat.

Les quêtes vous mèneront des forêts à des autoroutes crevassées, traversant des villages infestés, faisant le plein dans des restaurants ou des stations-service abandonnées ou des stations de recherche où vous pourrez faire une sieste et vous soigner. Et toujours, on retrouve un souffle de narration enlevant, plus complexe que les dialogues généralement convenus de ce type de jeu.

Il faut une centaine d’heures pour boucler l’histoire, un peu moins si on évite les missions secondaires.

Répétition et bogues

Les affrontements, par contre, peuvent devenir lassants : on massacre des grouilleurs, on abat des maraudeurs et, de temps en temps, on affronte un boss un peu plus costaud. Mais passées les premières heures, les surprises sont rares.

Et malheureusement, Days Gone se démarque par une autre caractéristique : il est truffé de bogues techniques comme on en a rarement vu. Bande-son décalée de plus de cinq secondes, sons d’ambiance qui disparaissent, personnages secondaires qui courent tout seuls dans un coin, nous en avons vu de toutes les couleurs pendant nos deux semaines de test. Nous nous sommes même retrouvés à rouler en moto à travers des rochers et des monticules de terre, perdant complètement de vue la route. La seule solution, que nous avons dû utiliser une douzaine de fois, est de redémarrer complètement le jeu. Trois mises à jour n’ont pas suffi ; on espère que les prochaines vont stopper l’hémorragie.

Dommage. On n’était pas loin de la note parfaite.

• Fiche : Days Gone

• Développeur : Bend Studio

• Éditeur : Sony Interactive Entertainement

• Console : PS4

• Date de lancement : 26 avril 2019

• Prix : 79,99 $ (version numérique standard)

• Note : 4 sur 5