La reproduction de Notre-Dame de Paris dans le jeu vidéo Assassin’s Creed Unity, conçu en bonne partie à Montréal, est si convaincante que plusieurs ont suggéré de l’utiliser pour la reconstruction de la cathédrale. Une idée peu réaliste, selon l’historien Maxime Durand, qui a travaillé au jeu lancé par Ubisoft en 2014.

« Le monument qu’on a recréé comporte une belle liberté artistique… Je ne pourrais pas m’avancer à dire que ceux qui vont reconstruire s’intéresseront nécessairement à notre modélisation. »

Une des libertés prises par Ubisoft dans Unity concerne justement la flèche de la cathédrale, qui a été totalement consumée par le brasier de lundi. En fait, elle n’était pas là à l’époque où se déroule le jeu, pendant la Révolution française.

« La flèche était tombée après une tempête et n’avait été reconstruite qu’au XIXe siècle, indique l’historien. C’est quand même super ironique. »

À l’époque, Notre-Dame de Paris n’avait plus rien d’un lieu de culte, mais était surtout utilisée comme entrepôt militaire. Pour les besoins du scénario du jeu vidéo, on a également exagéré certaines hauteurs de la cathédrale et réaménagé l’intérieur. « Ce n’est pas 100 % fidèle à l’histoire. On s’en inspire, mais on l’adapte au jeu. »

Reconstruite de A à Z

Cela n’empêche pas cette reproduction en 3D d’être particulièrement réussie et plutôt fidèle à la réalité, précise l’historien. Une artiste d’Ubisoft, Caroline Miousse, a consacré à l’époque plus de 5000 heures à Notre-Dame de Paris, essentiellement à partir de photographies et de plans architecturaux gardés à la Bibliothèque nationale de France.

« Il s’agissait d’un des 75 bâtiments qui ont été reproduits avec une fidélité que nous n’avions jamais atteinte auparavant, indique M. Durand. Caroline était attitrée pour refaire le bâtiment de A à Z, pour le construire, ce qui demandait énormément d’informations. Ce qui est fou, c’est qu’elle n’y était jamais allée avant qu’on ait terminé le jeu. »

Chose certaine, le jeu est un témoignage impérissable de ce monument qui a failli disparaître plus d’une fois, note M. Durand. « Le bâtiment était à l’abandon au XIXe siècle, il aurait pu être détruit, ce qui désolait bien des gens. C’est une des raisons qui ont poussé Victor Hugo à écrire son roman. »