Deux des plus importants marchés hors États-Unis d'Amazon, le Canada et le Mexique, sont dirigés depuis 2016 par un Québécois, Alexandre Gagnon. Un signe que le géant du commerce électronique fondé par Jeff Bezos a bien l'intention d'y être plus présent dans les prochaines années, assure en entrevue le vice-président.

« Le Québec est très important pour Amazon, et certainement très important pour moi, dit M. Gagnon. Il n'y a pas d'annonce que je peux partager, mais c'est quelque chose que nous sommes toujours en train d'évaluer. »

Du communautaire à Seattle

Comment un natif de Québec, « et grand fan des Nordiques », précise-t-il, s'est-il trouvé à la tête d'Amazon Canada et d'Amazon Mexique ? « Ç'a été toute une aventure. J'ai toujours eu une passion pour les organismes vraiment innovants, qui veulent faire les choses différemment. » 

Après avoir oeuvré dans des organismes à but non lucratif à Québec, en Colombie-Britannique et au Mexique, il a épousé une Américaine de Seattle. Quand Amazon, qui y a construit son siège social, a ouvert en 2002 sa filiale canadienne et cherchait des employés bilingues, il était disponible, « au bon endroit au bon moment », dit-il.

Il est devenu directeur des opérations pour le Canada et le Mexique, puis, en 2016, vice-président pour ces deux marchés.

Trois fois le budget du Québec

Depuis 2011, rappelle M. Gagnon, Amazon a investi quelque 3 milliards de dollars et compte aujourd'hui plus de 10 000 employés au Canada. Au Québec, sa seule présence physique est un centre de données lié à son service infonuagique AWS. 

Depuis un an, a-t-on également appris, une vingtaine de représentants d'Amazon se sont inscrits au Registre des lobbyistes du Québec pour tenter d'obtenir les contrats d'hébergement des données des ministères et organismes publics.

La présence au Québec d'un géant américain qui a rapporté des ventes de 310 milliards en 2018 - soit près de trois fois le budget annuel du gouvernement du Québec - inquiète, M. Gagnon en est conscient. Quand on présente Amazon comme une menace pour les détaillants québécois, il s'inscrit toutefois en faux.

« Selon le Conseil québécois du commerce de détail, les ventes des détaillants ont progressé de 3,3 % en 2018, elles ne sont pas en régression. » - Alexandre Gagnon

« Je crois que partout dans le monde, il y a une transition qui se fait vers les achats en ligne. C'est sûr qu'un changement aussi grand demande beaucoup d'adaptation. »

Amazon, assure-t-il, est d'ailleurs le partenaire de milliers de PME québécoises et canadiennes qui profitent de sa plateforme transactionnelle. On estime qu'au Canada, 50 % des ventes sur Amazon proviennent en fait de tierces parties, des entreprises comme DavidsTea, GoWood et Le Château qui y affichent des centaines de produits.

« On peut bénéficier de cette transformation, estime le vice-président. Ce que je trouve fascinant, c'est qu'une grande entreprise comme Amazon peut faciliter cette transition pour ses partenaires. »

Au-delà des chiffres de vente astronomiques et d'une plateforme transactionnelle redoutablement efficace, Amazon a une ligne directrice que martèle son fondateur depuis plus de deux décennies : l'innovation. « Ce que partage M. Bezos et qui anime les gens chez Amazon, c'est cette notion de constamment innover et d'avoir au coeur de tout ce qu'on fait l'expérience client, précise Alexandre Gagnon. C'est fascinant de travailler dans une boîte où tous les gens sont alignés et veulent s'améliorer uniquement dans le but de faire un meilleur travail pour le consommateur. C'est simple, c'est facile, cette philosophie. »