(Paris) L’éditeur français de jeux vidéo Ubisoft a revu substantiellement à la baisse ses objectifs financiers pour son exercice décalé 2019-2020, à cause du retard pris sur le développement de plusieurs titres majeurs et de ventes décevantes sur deux titres.

Le groupe anticipe désormais un chiffre d’affaires de 1,45 milliard d’euros (2,1 milliards $) sur l’exercice, contre 2 185 milliards d’euros (3,2 milliards $) attendus initialement, ainsi qu’un résultat opérationnel compris entre 20 et 50 millions d’euros (29 et 73 millions $), contre 480 millions d’euros (700 millions $) jusqu’ici anticipés, a-t-il expliqué dans un communiqué diffusé jeudi soir.

« Nous n’avons pas su capitaliser sur le potentiel de nos deux derniers lancements AAA », les plus grosses productions de l’éditeur, a reconnu le PDG d’Ubisoft, Yves Guillemot.

« Concernant Ghost Reckon Breakpoint, la réception critique et les ventes sur les premières semaines ont été très décevantes. Nous allons soutenir le jeu et rester à l’écoute de la communauté pour y apporter les modifications nécessaires », a-t-il dit.

Ubisoft doit faire face aux mauvais résultats du dernier opus de sa célèbre franchise Ghost Reckon, jeu de tir à la première personne, mais également « dans une moindre mesure », de The Division 2, un autre jeu de tir.

« Si le changement de formule » de Ghost Recon Breakpoint « a été très apprécié par certains joueurs avec un temps de jeu moyen par jour et par joueur de plus de 3 h, il a également été fortement rejeté par une partie importante de la communauté », a justifié le groupe.

Aussi, ce jeu n’a pas « suffisamment d’éléments de différenciation, et cela a nui à la mise en valeur de ses qualités intrinsèques », a-t-il poursuivi.

Dans ce contexte, l’éditeur de jeux vidéo doit retarder trois de ses principaux titres, initialement prévus avant la fin de cet exercice : Gods & Monsters, Rainbow Six Quarantine et Watch Dogs Legion.

Temps de développement

« Nous avons pris la décision de décaler (la sortie de ces jeux) afin de donner plus de temps de développement aux équipes. Ces jeux ont une identité forte et un potentiel élevé, nous souhaitons néanmoins nous assurer que les innovations que nous apportons seront parfaitement implémentées (mises en œuvre, NDLR) pour un développement optimal », a insisté M. Guillemot.

« C’est quelque chose dont nous ne sommes pas satisfaits, mais qui pousse l’entreprise à mieux performer. Nous allons nous assurer de continuer à surprendre les joueurs avec des expériences de très haute qualité », a également dit le PDG d’Ubisoft lors d’une conférence téléphonique.

Ubisoft a par ailleurs publié ses objectifs pour l’exercice suivant (2020-2021) : il attend un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros et un résultat opérationnel proche des 600 millions d’euros. Le groupe se montre optimiste en raison de la sortie prévue sur cet exercice de cinq grosses productions vidéoludiques — du fait du report des trois titres prévus initialement pour l’exercice en cours.

« Nous prévoyons une très bonne performance financière pour l’année prochaine, les opportunités de croissance future d’Ubisoft sont significatives », a ajouté M. Guillemot.

Le groupe va notamment compter sur un « solide » portefeuille de marques, « accélérer en Asie » et sur l’e-sport et « saisir le potentiel du segment mobile », sur fond de développement du streaming et de la multiplication des plateformes, a-t-il indiqué.

L’éditeur doit publier ses résultats semestriels le mercredi 30 octobre, après la clôture de la Bourse.

Au premier trimestre 2019-20, il avait enregistré un chiffre d’affaires de 363,4 millions d’euros (528 millions $), en baisse de 9,2 % par rapport au « record » du premier trimestre de l’exercice précédent, mais largement supérieur aux objectifs pour ce trimestre.