(Washington) Amazon a annoncé mercredi que plus de 400 services de police avaient rejoint son programme visant à résorber la criminalité en utilisant les enregistrements pris par des sonnettes vidéo connectées, suscitant des craintes quant à l’utilisation de ces données.

Selon Ring, le fabricant de ces appareils, acheté par Amazon pour 839 millions de dollars, ces sonnettes intelligentes équipées de caméras et l’application qui leur est associée, Neighbors (Voisins, en anglais), aident à améliorer la communication entre les résidents et les commissariats.

« Aujourd’hui, 405 services (de police) utilisent le portail Neighbors, une extension de l’application Neighbors qui permet à la police d’échanger avec les communautés locales », a dit un responsable de Ring, Jamie Siminoff, dans un billet de blogue.

Ce partenariat peu commun permet à la police de publier des « informations importantes sur la criminalité et les évènements liés à la sécurité dans les quartiers », et de « demander de l’aide sur des enquêtes en cours en demandant des enregistrements vidéo » aux habitants, selon M. Siminoff.

Le programme suscite toutefois la crainte d’une surveillance élargie de la police, et certains s’interrogent sur la manière dont les vidéos et autres données vont être collectées et stockées.

« Vous avez deux organisations puissantes, Amazon et la police, qui coopèrent pour pousser vers davantage de surveillance dans les quartiers américains, et c’est assez effrayant et troublant », estime Jay Stanley, analyste de la puissante association de défense des droits civiques ACLU.

Pour Matthew Guariglia de l’Electronic Frontier Foundation, le programme semble capitaliser sur la peur.  

« En envoyant des photos et des alertes à chaque fois que la caméra détecte un mouvement ou que quelqu’un sonne à la porte, l’application peut créer l’illusion d’un foyer assiégé », a-t-il récemment écrit dans un billet de blogue.  

« Cela crée un cercle vicieux dans lequel la police promeut l’utilisation de Ring, Ring terrifie les gens et leur fait croire que leurs maisons sont en danger, et Amazon vend plus de caméras ».

Amazon a réagi en jugeant « trompeuses » les informations circulant sur son programme.

Le géant du commerce en ligne a affirmé dans un communiqué que les vidéos étaient seulement partagées si le client donnait son accord ou les publiait, et que la police devait « passer par l’équipe de Ring » si elle voulait demander une vidéo aux clients.