(Pékin) Le propriétaire chinois de Grindr a annoncé mardi vouloir « relancer » son projet d’introduction en bourse de l’application de rencontres pour homosexuels, affirmant que les États-Unis n’y étaient plus opposés.

Beijing Kunlun avait payé 93 millions de dollars en 2016 pour prendre 60 % du réseau social, très utilisé par la communauté gaie à travers le monde. Le groupe affirme désormais posséder 98,75 % du capital.

Selon des informations du Wall Street Journal publiées en mars, l’administration américaine a ordonné à l’entreprise chinoise, spécialiste des jeux en ligne, de céder Grindr, citant des risques en matière de sécurité.

Le Comité pour l’investissement étranger (CFIUS) craignait que des utilisateurs américains se servant de l’application ne soient victimes de chantage si le gouvernement chinois exigeait des données auprès de Beijing Kunlun.

L’organe chargé d’examiner les conséquences sécuritaires des acquisitions de groupes étrangers aux États-Unis s’inquiétait d’une loi chinoise de 2017 qui impose aux entreprises du pays de coopérer avec les services de renseignement.

« En septembre 2018, l’entreprise souhaitait coter en bourse » l’application de rencontre, mais après « communication » avec le CFIUS, le projet avait été « suspendu », a indiqué mardi Kunlun Tech dans un communiqué à la Bourse de Shenzhen.

« Mais le CFIUS n’ayant désormais plus d’objection, l’entreprise projette de relancer le processus d’introduction boursière de Grindr », souligne le groupe.  

Beijing Kunlun prévoyait à l’origine d’introduire l’application à la Bourse de Shenzhen en 2020.  

Mais le groupe indique dans son communiqué vouloir coter Grindr sur une place boursière « hors de Chine continentale ». Une expression qui inclut Hong Kong et l’étranger, mais exclut Shanghai et Shenzhen.

Cette annonce intervient le jour même de la reprise à Shanghai des négociations à haut niveau entre Pékin et Washington afin de mettre fin à leur guerre commerciale, menée depuis 2018 à coup de droits de douane punitifs.

Des frictions bilatérales amplifiées par la féroce rivalité que se livrent les deux pays dans le domaine technologique (internet, intelligence artificielle, 5G).

Grindr a été fondé en 2009. L’application revendique aujourd’hui des millions d’utilisateurs quotidiens gais, lesbiens, bisexuels, transsexuels et queer (LGBTQ).