(Dijon) Des éclairages publics qui s’atténuent quand la rue est déserte, des équipements urbains qui préviennent quand ils sont en panne… : Dijon fait désormais partie du club très fermé des « villes intelligentes », qui tirent parti de la numérisation pour améliorer leurs services aux citoyens.  

Le projet dijonnais « est unique en France » par son ampleur, a déclaré jeudi le patron de Capgemini France, Jérôme Siméon, venu à Dijon inaugurer le cerveau de la nouvelle « ville intelligente », avec ses homologues Martin Bouygues, Jean-Bernard Lévy (EDF) et Jean-Louis Chaussade (Suez), en compagnie de François Rebsamen, le maire PS de la ville.  

« Il suscite des vocations à l’étranger, et nous pouvons être fiers d’avoir été sollicités par des villes d’Asie, d’Amérique du Nord ou d’Afrique pour avoir des informations sur ce qui a été fait ici », a ajouté le patron de Capgemini, qui a conçu avec Bouygues, Suez et EDF/Citelum la nouvelle infrastructure de ville intelligente de Dijon.

Le cerveau de la ville intelligente s’incarne dans un grand poste de pilotage où travailleront à terme environ 75 personnes. Un bâtiment anonyme mais bien protégé, implanté sur un site qui fut autrefois occupé par une usine… de moutarde.  

On y retrouve le poste de commandement de vidéosurveillance de la police municipale, mais aussi le centre opérationnel pilotant les transports urbains, les stationnements et le service de vélos partagés.  

Le poste de pilotage centralise aussi tous les appels téléphoniques à la mairie et aux services municipaux.  

Il abrite également un poste de commandement de crise pour permettre de gérer les événements extraordinaires — catastrophes naturelles, accidents, attentats…  

Mais cette infrastructure constitue aussi une nouvelle plateforme informatique conçue sous la houlette de Capgemini, un « hyperviseur » permettant de faire communiquer ensemble les différents systèmes informatiques municipaux, d’accumuler et d’analyser leurs données, et de fournir des recommandations d’action.  

Que vont constater les citoyens comme progrès ? De manière immédiate, les services municipaux vont pouvoir « intervenir plus vite, et de manière plus rationnelle » et mieux coordonnée en cas de problème dans l’espace public, a expliqué François Rebsamen : « au lieu de déplacer trois équipes, on en déplacera une seule qui aura une compétence générale ».  

Dans les prochains mois, une application pour téléphone intelligent permettra aux particuliers de communiquer directement avec le poste de pilotage, par exemple pour signaler un accident ou un encombrant.  

« Mais on attend aussi beaucoup des développements qui vont apparaître » pour exploiter les données que l’infrastructure va accumuler au fil des ans, explique le maire de Dijon.  

La métropole dijonnaise va ouvrir l’accès à ces données anonymisées pour stimuler la créativité des start-up cherchant à améliorer les services publics.  

Comité d’éthique

Les efforts d’équipement s’accompagnent de la création d’une chaire universitaire sur la ville intelligente et la gouvernance des données à l’université de Bourgogne, et de nouvelles formations « smart cities » dans les écoles d’ingénieurs de la ville.

Mais pas question pour autant de créer un « big brother » surveillant les 257 000 citoyens de la métropole, assure François Rebsamen.

Le maire va proposer la création d’un comité d’éthique « spécialisé dans la vérification de la maîtrise des données personnelles ».  

« Il y aura des universitaires, des juristes, des citoyens, qui pourront interpeller les ingénieurs pour vérifier qu’à tout moment existe bien la protection des données » des citoyens, a-t-il expliqué à l’AFP.

Le projet « On Dijon » a été mené à bien par un groupement de quatre entreprises, qui a signé un contrat de 12 ans avec la métropole.

Bouygues Énergies et Services, le chef de file du projet, a réalisé la conception du poste de pilotage connecté et a réalisé le réseau haut débit reliant les 23 communes de la métropole.  

Suez assure la gestion du poste de commandement pour les interventions de voirie, et EDF/Citelum celle de l’éclairage urbain.  

La gestion « intelligente » des lampadaires, via des éclairages LED et une gestion adaptée aux circonstances (trafic par exemple), doit permettre de diminuer de 65 % la facture d’éclairage de la ville — un engagement ferme pris par le groupement.

Le projet est d’un coût total de 105 millions d’euros (environ 158,3 millions de dollars canadiens), dont 53 millions d’euros financés par la puissance publique (métropole, Dijon, la région, et le Fonds européen de développement régional).