Coveo, l'une des entreprises québécoises les plus actives dans le domaine de l'intelligence artificielle, accueillera aujourd'hui son premier investisseur étranger. Le fonds américain controversé Elliott Management, par le truchement de sa filiale Evergreen Coast Capital, y investit 100 millions de dollars, en échange de 27 % des parts.

La transaction confère donc une valeur d'un peu plus de 370 millions à Coveo, dont le siège est à Québec. Fondée par l'ancienne direction d'un autre fleuron technologique de la Vieille Capitale, Copernic, l'entreprise se spécialise dans l'utilisation de l'intelligence d'affaires dans des moteurs de recherche et de recommandations contextuelles.

« On a voulu limiter [les parts d'Evergreen] à 27 % pour aller chercher juste assez de levier américain, tout en gardant les gains en capital futurs au Québec », explique le chef de la direction de Coveo, Louis Têtu. 

« Si Coveo continue sur sa lancée, elle va valoir 1 milliard dans trois ans. Ce ne sont pas Amazon et Google qui vont payer le prochain CHUM. » - Louis Têtu

La croissance de Coveo est fulgurante. Ses revenus ont progressé de 82 % en 2016 et de plus de 50 % en 2017. Elle peine à recruter suffisamment pour répondre à ses besoins, ce qui a d'ailleurs incité M. Têtu à monter au créneau pour critiquer les subventions accordées par Québec au secteur du jeu vidéo.

Selon M. Têtu, les sommes reçues serviront entre autres à diversifier l'entreprise en rendant ses logiciels compatibles avec de nouvelles plateformes. Coveo vient justement d'étendre ses solutions à la plateforme Elasticsearch, « le leader mondial des moteurs d'index, très en demande présentement », selon M. Têtu.

L'entreprise a aussi l'intention d'élargir son équipe de recherche et développement, divisée entre Québec et Montréal.

NOUVEAU PARTENAIRE CORIACE

C'est Evergreen Coast Capital, firme de capital de risque établie dans la Silicon Valley, qui investit dans Coveo. Evergreen, dont un dirigeant se joindra au conseil d'administration de Coveo, est une filiale à part entière d'Elliott Management, fonds spéculatif new-yorkais reconnu pour son militantisme.

La firme dirigée par Paul Singer a fréquemment été qualifiée de « vautour » et n'a jamais reculé devant une bataille légale. Elle s'est notamment rendue célèbre en luttant pendant 15 ans devant les tribunaux contre l'Argentine pour se faire payer des dettes, tentant notamment de faire saisir un des navires de sa marine amarré au Ghana. L'aventure a fini par lui valoir un profit estimé à plus de 2 milliards US.

« Ils ont été activistes dans certaines entreprises, mais dans la majorité des cas, il n'y a pas d'histoire, modère M. Têtu. On est très loin de ça, nous autres. »

Le fait qu'Elliott soit le seul fournisseur de fonds d'Evergreen a été considéré comme un avantage important, raconte M. Têtu, puisque le nouvel actionnaire n'aura pas à subir de pressions de fournisseurs de fonds pour monétiser son placement.