Le président désigné Donald Trump a tendu la main mercredi aux patrons de la Silicon Valley dont beaucoup ont soutenu son ex-adversaire Hillary Clinton et s'opposent aux mesures protectionnistes qu'il entend appliquer.

«Je suis là pour vous aider à réussir», a déclaré d'emblée M. Trump lors d'une rencontre au sommet dans sa tour «Trump» sur la célèbre 5e avenue à New York.

«Nous voulons que vous continuiez à aller de l'avant grâce à des innovations incroyables. Il n'y a personne comme vous dans le monde», a poursuivi le milliardaire, entouré de son vice-président Mike Pence et de Peter Thiel, cofondateur de PayPal et seul grand nom du secteur technologique à l'avoir soutenu dès le début de sa campagne.

M. Trump, qui avait initié ce rendez-vous, a poursuivi son numéro de charme devant une dizaine de grands noms de la Silicon Valley dont les entreprises ont une capitalisation boursière cumulée de plus de 2500 milliards de dollars et sont à l'origine de nombreuses innovations, dont le très populaire iPhone.

Deux enfants du milliardaire, Ivanka et Eric, ont aussi participé à la réunion, qui a duré un peu moins de 2 heures.

«Dans le monde, il n'y a personne comme les gens se trouvant dans cette salle. Et nous ferons tout ce que nous pouvons pour faire en sorte que ça continue et nous serons vraiment là pour vous. Vous pouvez appeler mes équipes ou m'appeler directement», a ajouté M. Trump, visiblement décidé à enterrer la hache de guerre. 

Twitter absent 

Installés autour de la table, Jeff Bezos d'Amazon, Larry Page et Eric Schmidt d'Alphabet (Google), Sheryl Sandberg de Facebook, Brian Krzanich (Intel), Chuck Robbins (Cisco), Safra Catz d'Oracle, Elon Musk (Tesla et SpaceX), Ginni Rometty (IBM) et Satya Nadella (Microsoft), et quelques autres sont restés impassibles pendant cette brève allocution liminaire prononcée devant des journalistes au 25e étage de la tour Trump.

Le reste des discussions s'est tenu à huis clos.

Jack Dorsey, le PDG de Twitter, faisait figure de grand absent alors que le réseau social est le moyen de communication favori du président élu.

L'entourage de M. Trump a assuré que cette absence n'était liée qu'à des questions pratiques mais le site Politico.com estimait que Twitter payait son refus d'autoriser, pendant la campagne, une version émoticône du hashtag #CrookedHillary (Hillary-la-crapule) utilisé par Donald Trump pour désigner son ex-adversaire.

L'emploi, l'immigration et la Chine ont été abordés, selon des sources proches du dossier. Mais le but du rendez-vous était surtout, selon elles, d'apaiser les tensions nées pendant la campagne.

Le futur président, qui s'efforce de concrétiser sa promesse de rapatrier des milliers d'emplois partis dans des pays où la main d'oeuvre est bon marché, souhaite que le secteur crée des emplois aux États-Unis. Il veut notamment qu'Apple, dont les célèbres smartphones sont fabriqués en Chine, ouvre une «très grande usine» sur le sol américain.

Il a promis mercredi au secteur qu'il allait l'aider à faire des affaires au-delà des frontières américaines sans expliquer comment. 

Enjeux divergents 

L'impact de la présidence Trump sur la Silicon Valley est à ce stade incertain.

Une baisse de l'impôt sur les sociétés, en particulier quand elles rapatrient de l'argent aux États-Unis, serait positif pour les géants du secteur, Apple en tête, qui ont énormément de liquidités stockées à l'étranger.

Le secteur, qui a beaucoup profité de la mondialisation et emploie un grand nombre d'ingénieurs étrangers, pourrait en revanche souffrir en cas de mesures protectionnistes ou de restrictions sur les visas. La sécurité publique et le cryptage des données pourraient aussi constituer une source de conflit potentiel.

Les enjeux divergent en fonction des groupes. Des relations cordiales avec la nouvelle administration sont importantes pour les entreprises d'Elon Musk, dont des revenus dépendent également d'accords avec le gouvernement fédéral.

SpaceX, sa compagnie spécialisée dans les lanceurs, a comme premier client l'agence spatiale américaine (Nasa), qui lui a passé des contrats d'une valeur de 6,5 milliards de dollars lors des huit dernières années. Le groupe compte en outre participer à de prochains appels d'offres de l'armée de l'air américaine.

Autre pas pour rétablir la confiance, M. Trump a également annoncé mercredi que Travis Kalanick, le patron d'Uber, et Elon Musk allaient intégrer son Forum stratégique composé déjà de 16 patrons qu'il consultera pour élaborer et évaluer sa politique économique.