Stéphane Richard a mis au point, seul dans son garage, ce que personne, paraît-il, n'avait réussi avant lui: il est capable de fusionner du plastique par le biais d'une soudure faite à la main.

L'entrepreneur de 41 ans sait qu'il a une véritable mine d'or entre les mains. Son objectif: faire fructifier son idée et, du coup, réduire une fois pour toutes la quantité astronomique de plastiques qu'on envoie dans les sites d'enfouissement.

L'homme d'affaires est donc capable de réparer à peu près n'importe quoi qui est fabriqué en plastique. Ce qui, en soi, est une excellente nouvelle pour l'environnement.

Stéphane Richard vise en particulier le lucratif marché des pièces automobiles, où les pare-chocs, phares, ventilateurs et autres pompes à essence (lesquelles valent des centaines, voire des milliers de dollars) peuvent être remis à neuf pour une fraction du prix.

Dans sa quête, le jeune entrepreneur vient de s'associer à Nathalie Carignan. Véritable boule d'énergie, Mme Carignan, 45 ans, avait pris sa retraite il y a quelques années après une carrière dans le commerce au détail, où, dit-elle, elle avait dirigé jusqu'à 900 employés.

Tandem

Le nouveau tandem, qui se présente comme des «écoréparateurs», est à la tête de la PME. Il se partage l'actionnariat à parts égales. Fait à noter: les deux entrepreneurs sont des autodidactes ne possédant aucun diplôme.

Installés depuis peu dans un petit atelier à Victoriaville, les deux associés multiplient les rencontres afin de faire connaître leur technologie novatrice. Les contrats se succèdent, bien sûr. Par exemple, quand nous leur avons parlé, ils revenaient de Stoneham, où la station de ski du même nom leur a confié la réparation des bulles de plexiglas qui protègent les skieurs dans les télésièges.

«Tous ceux à qui on explique la technique, à l'aide d'exemples, n'en reviennent pas. On ne répare pas seulement la pièce, on la renforce. Il n'y a que les thermodurcisseurs avec lesquels on ne peut pas travailler. Autrement, il n'y a pas de limite à ce qu'on peut faire. On a même réussi à clouer le bec d'un docteur en polymère qui ne nous croyait pas», s'enthousiasme Nathalie Carignan.

Unités mobiles

Mais le plus intéressant dans cette histoire est que la méthode de soudure développée par Stéphane Richard (un secret industriel, dit-il) devrait bientôt être offerte aux quatre coins du Québec. La PME possède déjà une flotte de 10 unités mobiles. Elle compte en avoir 50 à court terme.

Pour l'heure, la PME de sept employés fait flèche de tous bois. Elle tire ses revenus de réparations faites dans ses ateliers, notamment pour des compagnies d'assurances.

Soudure plastique Québec fait aussi de la R-D pour des entreprises, dont Hydro-Québec. Et dès la semaine prochaine, elle va entreprendre la formation de 250 personnes à l'emploi d'un important partenaire d'affaires dont Nathalie Carignan préfère taire le nom.

La chef d'entreprise dit ne pas avoir besoin de financement externe pour assurer la croissance de Soudure Plastique Québec. «Mais si jamais on en vient là, je ne suis pas inquiète; il y a tellement d'investisseurs qui nous sollicitent depuis un an», dit-elle.

Selon Nathalie Carignan, plus de 252 000 tonnes de plastiques sont enfouies tous les ans au Québec. «Le plastique, ça se répare. Et on veut que tout le monde le sache», conclut-elle.