Lancée en juin 2015, la Stratégie maritime se résume pour l'instant à une série d'annonces qui se concrétiseront dans plusieurs mois, voire des années. Cependant, pour les municipalités et les organisations concernées, il y a déjà lieu d'espérer... ou de s'alarmer. Zoom sur trois projets.

Îles-de-la-Madeleine: prévenir les incidents maritimes

En 2014, un bris dans un oléoduc d'Hydro-Québec entraîne le déversement de 100 000 litres d'hydrocarbures dans le port de Cap-aux-Meules. La catastrophe pousse les Îles-de-la-Madeleine à réclamer un centre pour mieux gérer les accidents de ce genre.

L'archipel a été entendu : la Stratégie maritime a annoncé l'implantation du service, un projet de 3,4 millions qui verra le jour d'ici trois ou quatre ans. On l'a baptisé Centre d'expertise pour la gestion des risques d'incidents maritimes (CEGRIM) des Îles-de-la-Madeleine.

« En raison de notre position géostratégique, nous pourrons intervenir rapidement pour aider tant les municipalités riveraines du Québec que les provinces maritimes », signale Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine, qui attache beaucoup d'importance à ce projet qui non seulement créera des emplois, mais encore aura des retombées directes et indirectes pour des entreprises madelinotes.

Le maire rappelle que le Québec et le Canada sont mal préparés en cas de déversement de matières dangereuses. « Si un accident se produisait en hiver, personne ne saurait comment retirer le pétrole sous un couvert de glace, illustre-t-il. C'est bien de vouloir augmenter le trafic maritime, mais encore faut-il améliorer nos mesures de protection et d'intervention. »

Tadoussac: chicane autour des croisières internationales

Le torchon brûle entre Tadoussac et l'Association des croisières du Saint-Laurent. La première souhaite attirer des croisières internationales, alors que la seconde estime que cela pourrait mettre à mal une industrie encore jeune.

Le Québec compte officiellement neuf escales qui accueillent des croisières internationales. Trois sont situées sur la Côte-Nord, à savoir Baie-Comeau, Sept-Îles et Havre-Saint-Pierre, dont les maires ont tous manifesté leur mécontentement devant les ambitions de Tadoussac.

« On veut développer le marché des petits bateaux de croisière, car qui sait pendant combien de temps on pourra compter sur les excursions d'observation aux baleines ? », proteste Hugues Tremblay, maire de Tadoussac. Il compte y parvenir grâce au projet Destination Tadoussac, dont le coût s'élève à 6 millions. Dans le cadre de la Stratégie maritime, le gouvernement a offert une aide financière de 1,6 million qui servira notamment à la construction d'une gare maritime. Au ministère du Tourisme, on assure que cette somme ne vise pas à soutenir Tadoussac dans l'expansion de son offre aux croisiéristes internationaux, Québec privilégiant les escales existantes.

« Le marché des croisières évolue bien mais demeure petit, affirme René Trépanier, directeur général de l'Association des croisières du Saint-Laurent. Il n'y a pas de place pour un autre joueur, surtout pas sur la Côte-Nord où les escales reçoivent moins d'une dizaine de navires chacune par année. Leur voler une seule croisière, si petite soit-elle, est dramatique. »

PHOTO DAVID BOILY, archives LA PRESSE

Tadoussac veut développer le marché des petits bateaux de croisière pour les excursions d’observation aux baleines.

Port-Cartier et son quai

Port-Cartier fait partie des 16 villes désignées pour développer une zone industrialo-portuaire (ZIP), un espace industriel délimité ayant des infrastructures portuaires, ferroviaires et routières.

Les choses pourraient avancer rondement, car Port-Cartier est l'une des rares villes de la province à être propriétaires de leur quai. « Il a toutefois besoin d'amour, indique Yves Desrosiers, président de la Corporation de développement économique de Port-Cartier. Il faut, entre autres, construire un nouveau débarcadère et procéder à l'enrochement du quai ». Les coûts sont estimés à 40 millions. La Ville espère que Québec lui en donnera la moitié prochainement. Le gouvernement a déjà annoncé qu'il injectera 300 millions dans l'ensemble des ZIP.

Les élus comptent beaucoup sur ce projet pour relancer leur économie. La municipalité a subi un dur coup avec l'annulation du projet Ferro-Québec. « Il nous faut le meilleur quai possible, car Port-Cartier vit de l'exportation et du fleuve depuis sa fondation », insiste Bernard Gauthier, commissaire industriel. La ZIP sera particulièrement utile aux entreprises Arbec et ArcelorMittal, de même qu'à une future usine de biocarburant qui, si tout va bien, sera construite cette année.

Photo fournie par la Corporation de développement économique de Port-Cartier

Port-Cartier est l’une des rares villes de la province propriétaire de son quai.