Des vents favorables soufflent sur le transport maritime au Québec, mais cette industrie, qui génère 27 000 emplois en mer et à terre, doit toutefois s'emparer du gouvernail - et faire intervenir les gouvernements - pour être plus efficace et élargir ses horizons économiques.

Une façon concrète, selon ses principaux acteurs, de tirer avantage du tirant d'eau. «Oui, il y a de nombreuses occasions qui s'offrent à nous», résume Mélissa Laliberté, de la Société de développement économique du Saint-Laurent.

Mais, du même souffle, la directrice, projets et affaires gouvernementales, reconnaît que les ports maritimes sont vieillissants.

Parmi les travaux nécessaires, il faut notamment refaire des quais, moderniser des installations pour faciliter la manutention des conteneurs et effectuer des travaux de dragage, dans le fleuve Saint-Laurent, afin de faciliter l'accès à de plus gros bateaux, précise-t-elle.

Or, pour y arriver, il faudra trouver du financement, qui tarde à venir. «Il y a cinq ans, nous avons soumis une quinzaine de demandes à Ottawa pour améliorer la fluidité du transport de marchandises dans le corridor de commerce, rappelle Mélissa Laliberté. Des investissements ont été faits, mais vraiment trop peu si on tient compte de nos besoins.»

En même temps, aux États-Unis, plusieurs ports de la côte est continuent de bénéficier d'investissements pour devenir encore plus performants.

«Il s'y fait beaucoup de dragage pour accueillir des bateaux de plus en plus gros, souligne-t-elle. C'est le cas, notamment, pour le port de New York, où des quantités inimaginables de sédiments ont été draguées pour faciliter l'accès à ces bateaux grands formats. Rien à voir avec le dragage, qu'on peut qualifier d'entretien, qui se fait dans le Saint-Laurent.»

Un intérêt politique québécois

Il faut croire que l'avenir du fleuve ne concerne pas uniquement l'industrie maritime. En pleine campagne électorale, cet enjeu a, pour ainsi dire, refait surface.

«Nous sommes heureux de l'intérêt que portent les partis politiques à notre endroit, convient Jacques Paquin, vice-président marketing et développement des affaires à l'Administration portuaire de Trois-Rivières. On sent une volonté d'agir et ça mérite d'être souligné.»

Néanmoins, il a le sentiment qu'au Québec, on ne tire pas le maximum de notre potentiel maritime. «Pourtant, ajoute-t-il, l'industrie est prête à s'impliquer et à faire des propositions concrètes pour redonner de la vigueur à l'industrie.»

Il aimerait, par exemple, que les gouvernements, tant à Québec qu'à Ottawa, fassent preuve d'une «vision éclairée» et qu'ils réfléchissent sur la façon de rentabiliser cette «belle route naturelle» qu'est le fleuve Saint-Laurent.

«Hélas, on a plutôt tendance à regarder vers la terre, plutôt que vers le fleuve, quand il est question de transporter des marchandises, fait-il valoir. On oublie que la voie maritime fait partie de la solution pour réduire la congestion routière, mais pour cela, il faut en prendre conscience.»

Les liens avec l'Europe

Jacques Paquin croit néanmoins que l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada - qui facilitera les échanges commerciaux entre les deux continents - pourrait constituer la «bougie d'allumage», une «étincelle», pour rendre les gouvernements plus conscients de la force de ce courant d'eau.

«On s'attend à ce que cet accord crée une plus grande activité maritime et c'est peut-être l'occasion rêvée de bouger, pense le vice-président du port de la région trifluvienne. C'est peut-être par le maritime que cet accord va prendre toute sa dimension économique.»

Le transport maritime au Québec en chiffres

1 milliard

Les salaires en 2010.

20

Nombre de ports au Québec.

80%

Proportion de la population vivant à proximité du fleuve Saint-Laurent.

100%

Part des diplômés de l'Institut maritime du Québec qui trouvent un emploi à la fin de leurs études.

300

Nombre d'entreprises dans le secteur (transport maritime, transbordement et entreposage de marchandises, pilotage, dragage, réparation et construction navale, etc.).

600 millions

Somme perçue en revenus fiscaux auprès des entreprises du secteur maritime par les gouvernements fédéral et québécois.

870

Nombre de camions qu'il faut pour transporter la même marchandise qu'un seul navire de taille moyenne.

3700

Nombre de kilomètres séparant l'océan Atlantique et la tête du lac Supérieur.

5000

Nombre de navires qui circulent annuellement sur le Saint-Laurent.

27 000

Nombre d'emplois (en mer et à terre) liés au transport maritime.

109 835

Tonnage transbordé annuellement dans les ports du Québec (en milliers de tonnes).

Source: Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES)

Le port de Montréal en chiffres

> 35 milliards de valeurs en marchandises

> Plus de 18 000 emplois directs et indirects

> 1,5 milliard de dollars en valeur ajoutée à l'économie canadienne

Un port de calibre mondial

> Le Port de Montréal est une plateforme commerciale de premier plan pour l'Amérique du Nord dans la chaîne logistique du transport de marchandises.

> Il est relié à plus de 80 pays.

> Premier choix de 98 % des importateurs et exportateurs du Québec pour rejoindre l'Europe, et de 93 % des importateurs et exportateurs ontariens.

Source: Administration portuaire de Montréal

5 ports nationaux

 

-       Montréal

 

-       Trois-Rivières

 

-       Québec

 

-       Saguenay

 

-       Sept-Iles

 

4 ports régionaux

 

-       Cacouna

 

-       Matane

 

-       Baie-Comeau

 

-       Gaspé

 

Origines des produits qui entrent au Québec par le fleuve Saint-Laurent

 

-       L'Europe

 

-       L'Amérique centrale

 

-       L'Amérique du Sud

 

-       L'Afrique

 

-       Les États-Unis

 

Destinations qu'empruntent les navires sur les marchés d'exportation

 

-       L'Europe

 

-       Les États-Unis

 

-       L'Asie-Océanie

 

Source: Société de développement économique du Saint-Laurent