Le fleuve Saint-Laurent et les Grands Lacs ne sont pas uniquement le terrain de jeu des multinationales de propriétés étrangères. Plusieurs entreprises appartenant à des intérêts québécois jouent un rôle important, voire essentiel, dans le transport maritime canadien. Malgré un ralentissement de l'économie mondiale, ces mêmes joueurs locaux investissent actuellement des sommes importantes dans l'achat de nouveaux navires ou de nouveaux équipements.

En étant le moindrement attentif, vous remarquerez que les noms qui reviennent le plus souvent sur les bateaux sillonnant le fleuve sont Hapag Lloyd (entreprise allemande), CMA CGM (France), MSC (Suisse), Maersk (Danemark) et OOCL (Hong Kong). Ces cinq multinationales se spécialisent dans le transport de conteneurs aux quatre coins du globe. Les conteneurs représentent environ 42% des activités du port de Montréal, soit près de 1,4 million de grosses boîtes métalliques qui arrivent ou qui repartent de Montréal.

La bonne nouvelle pour l'économie québécoise est que trois de ces cinq géants (Hapag Lloyd, CMA CGM et MSC) ont leur siège social canadien à Montréal.

Investissements

Mais la vraie bonne nouvelle pour la Belle Province, c'est que des entreprises d'ici comme Fednav, Groupe Océan, CSL et Groupe Desgagnés, sont période d'investissement. Elles s'offrent de nouveaux navires, maintiennent des emplois de qualité et rayonnent ailleurs dans le monde.

Propriété de la famille Pathy depuis trois générations, Fednav prévoit investir d'ici 2016 pas moins de 500 millions dans l'achat d'environ 25 navires, dont un brise-glace qui desservira la mine de nickel Raglan à Baie-Déception.

Une dizaine de navires fabriqués en Chine et au Japon (des vraquiers longs de 200 mètres) ont déjà été acquis en 2012 par l'entreprise québécoise. «À cause du ralentissement économique mondial, la demande n'est pas forte; les navires coûtent donc moins cher. Nous en profitons», explique Marc Gagnon, de chez Fednav dont la spécialité est le transport en vrac.

La PME compte 250 employés dans ses bureaux partout dans le monde, dont 150 à Montréal. Elle fait également travailler quelque 1700 personnes sur ses navires et ses terminaux au Canada, aux États-Unis et au Mexique.

Groupe Océan investit lui aussi dans ses équipements. Cette entreprise de 750 employés est le grand spécialiste du remorquage. Elle compte 25 remorqueurs entre Sept-Îles et Oshawa. La PME s'apprête à mettre en service un nouveau remorqueur de 25 mètres dans le port de Montréal. Un investissement de 10 millions.

Dragage

Fait intéressant, ce remorqueur est l'oeuvre d'Industrie Océan, la division de Groupe Océan qui opère un chantier maritime de L'Isle-aux-Coudres. Un super remorqueur de 36 mètres y est actuellement en préparation. L'entreprise a également construit ces dernières années une drague de 25 millions dont le travail est d'aspirer les sédiments dans le fond du fleuve à la hauteur de l'ile d'Orléans afin de faciliter le passage des navires.

Fort de son succès et de son expertise en dragage, Groupe Océan cherche maintenant à faire fonctionner sa drague 365 jours par année. Durant les mois d'hiver, l'entreprise aimerait trouver des contrats plus au Sud. Fondée il y a 41 ans par le plongeur Gordon Bain, la PME est également l'un des plus importants propriétaires de barges au Canada.

Groupe Desgagnés, entreprise spécialisée notamment dans le transport maritime en vrac, est sur le point d'accueillir un nouveau navire en provenance d'Europe. La direction de la PME québécoise n'a pas voulu commenter la nouvelle.

CSL (Canada Steamship Lines), l'entreprise dirigée par les fils de l'ancien premier ministre Paul Martin, a elle aussi fait l'acquisition d'un laquier ces dernières semaines. CSL se spécialise dans le vrac solide entre le fleuve et les Grands Lacs.