Le transport électrique, ce n'est pas seulement les automobiles. Des entreprises québécoises mettent au point une grande diversité de véhicules qui profitent, chacun, d'avantages spécifiques à la propulsion électrique.

Un bateau de ski nautique

C'est tout un défi que LTS Marine a relevé en mettant au point un bateau électrique de ski nautique. En effet, ces embarcations nécessitent une puissance importante. « On a commencé par les bateaux de ski nautique, parce que si on était capable de montrer nos performances sur ces engins, alors on serait capable de faire tout ce qui est possible comme bateaux », explique Jean-François Lavigne, président de LTS Marine, une entreprise établie à Sainte-Catherine, sur la Rive-Sud de Montréal. Après avoir commercialisé son produit au Québec, LTS Marine a commencé à faire des démonstrations en Europe.

Un tracteur ferroviaire

Après son bateau de ski nautique, LTS Marine a transposé sa technologie sur un tracteur ferroviaire, à la demande d'une entreprise du Missouri. Quel rapport entre un bateau et ce tracteur utilisé pour le triage des wagons ? « C'est le même moteur et la même batterie ! clame Jean-François Lavigne. C'est juste le logiciel de contrôle qui est très différent. » Comme le bateau de ski nautique, le tracteur ferroviaire a besoin d'être à pleine puissance durant de 15 à 20 minutes. Le client américain, Nordco, a réalisé des économies comparativement à son ancien tracteur diesel. Et la batterie électrique a même permis d'alimenter la climatisation de la cabine.

Un camion de livraison de colis

En décembre dernier, Nordresa a mis en service son premier camion électrique de livraison de colis. Après 50 jours de circulation, l'entreprise de Laval estime qu'elle économise entre 55 et 60 cents le kilomètre. « Nous ciblons les véhicules commerciaux, car ils roulent de 8 à 10 heures par jour, explique Sylvain Castonguay, président de Nordresa. L'impact environnemental est beaucoup plus élevé que pour un véhicule personnel qui ne roule en moyenne que deux heures par jour. » Pour un camion de livraison à essence, qui serait amorti puis converti en électrique, le rendement de l'investissement serait de 18 mois à 3 ans, évalue M.Castonguay.

Une navette pour l'aéroport de Calgary

L'entreprise Kargo avait commencé à construire des véhicules électriques en aluminium pour l'aluminerie Alouette. « Nous avons ensuite vu passer un appel d'offres pour fournir des navettes à l'aéroport de Calgary », raconte Pierre Dion, propriétaire de Kargo. La firme établie à Alma a intégré un consortium qui a remporté l'appel d'offres. La mécanique et l'assemblage des 20 véhicules ont été réalisés au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Livrées à l'automne 2016, les navettes côtoient désormais 10 autres versions de véhicules Kargo. Un modèle a notamment été spécialement conçu pour supporter une température de 50 °C : 50 exemplaires ont été envoyés à Bahreïn, un archipel du golfe Persique.

Un traversier électrique?

Les traversiers du Saint-Laurent seront-ils un jour électrifiés ? « Ce sera possible à l'avenir parce que ces bateaux ont un trajet bien défini, affirme François Adam, directeur général de l'Institut du véhicule innovant (IVI). On connaît le point de départ, le point d'arrivée, et la route pour relier les deux. » Il est donc possible d'embarquer l'énergie nécessaire pour le besoin ainsi calculé, et de profiter de chaque arrêt pour recharger les batteries. Dans un premier temps, seuls les trajets les plus courts seraient réalisables. « Sinon, cela prendrait une quantité de batteries trop importante à embarquer », tempère-t-il, tout en imaginant qu'un trajet tel que Québec-Lévis soit un des premiers à être électrifié.