Avec ses 30 entreprises qui font travailler 1600 personnes, la filière québécoise du transport électrique croît au Québec. Voici quatre mots pour en savoir plus sur le secteur.

Financement

«Le gouvernement souhaite qu'Hydro-Québec puisse dorénavant financer elle-même des initiatives visant l'électrification des transports en commun. Cela pourra être possible à la suite de l'adoption du projet de loi que souhaite déposer le gouvernement», explique Véronique Normandin, attachée de presse au cabinet du ministre québécois des Ressources naturelles, Pierre Arcand.

Cela s'ajoute, poursuit Mme Normandin, aux nombreuses initiatives qui ont permis au Québec de se démarquer dans le développement de cette filière. Notamment, les rabais pour l'acquisition d'un véhicule électrique ou hybride, de même que la mise en place de bornes de recharge à la maison, dans les lieux publics ou en milieu de travail.

Par ailleurs, dans son premier budget, le gouvernement de Philippe Couillard n'a pas parlé clairement d'investissement dans la filière du transport électrique.

Stratégie

La stratégie d'électrification, lancée par le gouvernement précédent, se poursuivra d'une façon différente, estiment François Adam, directeur de l'Institut du transport avancé du Québec (ITAQ) et Vincent Dugré, directeur général du Pôle d'excellence québécois en transport terrestre.

«Les objectifs semblent les mêmes, c'est-à-dire de faire du Québec un leader dans le domaine, mais les budgets alloués seront probablement revus à la baisse compte tenu de l'état des finances publiques», croit M. Adam.

«Il va y avoir des changements, soutient Vincent Dugré. Les libéraux de Jean Charest avaient mis en place le Plan d'action sur les véhicules électriques (PAVE), doté d'une enveloppe de 125 millions, dont 30 millions pour l'autobus électrique. On s'attend donc à quelque chose entre le PAVE et la Politique d'électrification du PQ (500 millions). Le gouvernement actuel est très ouvert, surtout en matière de transport collectif.»

Diversification

Selon François Adam, de l'ITAQ, le Québec possède une expertise très diversifiée et reconnue dans le domaine du transport électrique. «Nous avons, dit-il, des centres de recherche (privés, collégiaux et universitaires), des fournisseurs de composants (systèmes de traction, batteries, etc.) et des intégrateurs pour différents types de véhicules (bicyclette, moto, véhicule industriel, autobus, train, métro, etc.). Au Canada, nous sommes les mieux positionnés.» Le Québec a donc une industrie diversifiée dans le secteur des véhicules spéciaux, et non des véhicules automobiles, résume-t-il.

Vincent Dugré, du Pôle d'excellence québécois en transport terrestre, croit que le Québec doit continuer à développer des marchés de niche pour des applications à forte valeur ajoutée. «On a une base, une masse critique pour assurer le suivi de cette filière», dit-il.

Potentiel

«Les volumes de production dans ce secteur sont encore limités, ce qui oblige les industriels à faire des investissements importants en recherche et développement, explique François Adam de l'ITAQ. Ce sont pour la plupart des PME qui ont besoin d'être appuyées dans la phase de développement et de commercialisation initiale. La stratégie d'électrification des transports a permis au Québec de se faire voir dans les foires spécialisées un peu partout dans le monde. Ça a ouvert les yeux à bien des entreprises étrangères. Et ça a eu un effet positif sur plusieurs industriels d'ici qui ne se voyaient pas dans cette filière. Une nouvelle synergie a été créée.»

Vincent Dugré le reconnaît également: «C'est un marché en émergence. Les technologies sont jeunes et sous haute surveillance, dit-il. Le hic: quelle est la source d'électricité? L'autonomie et l'infrastructure de bornes de recharge sont également ce qui préoccupe le plus les gens.»