Le boa est un gros serpent carnassier qui donne la chair de poule. C'est aussi l'acronyme de «Banque d'opportunités d'affaires» (BOA), un outil que le cabinet Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT) veut étendre partout au Québec afin de favoriser les transferts d'entreprise. Bref, un «BOA» qui veut votre bien...

La Banque d'opportunités d'affaires vise à créer des maillages entre les entrepreneurs désireux de transférer, vendre, acheter ou s'investir dans une entreprise. Et ce, dans la plus grande confidentialité, explique Éric Dufour, leader national en relève entrepreneuriale chez RCGT.

Une première BOA a été mise en place en 2011 au Saguenay-Lac-Saint-Jean, région où travaille M. Dufour. Selon lui, les résultats sont probants. «Nous avons une banque de 50 excellents candidats qui sont prêts à investir de 25 000$ à 500 000$ dans une entreprise. Nous visons la qualité plus que la quantité. Nous avons fait 10 maillages jusqu'à présent», précise-t-il.

L'objectif de RCGT est d'ouvrir une BOA dans toutes les régions du Québec. «Nous sommes en train de faire des devis, révèle M. Dufour. C'est en chantier. Nous souhaitons ouvrir une deuxième BOA en 2014. Nous voulons nationaliser les BOA.»

Ce type d'initiative n'est pas qu'un simple réseau de contacts. «Chaque personne que nous rencontrons passe un test psychométrique. Notre but est d'attirer des profils forts», indique le spécialiste.

Approche hybride

La BOA s'inscrit dans ce que RCGT prône en terme de passation des pouvoirs, c'est-à-dire une approche «hybride» où un releveur à l'intérieur de l'entreprise est identifié, mais qu'un candidat externe viendra épauler.

«En mettant ce service sur pied, nous espérons également amener la perception que la relève, c'est aussi sexy que de fonder une entreprise en partant de zéro. On peut réaliser ses ambitions en amenant l'entreprise existante ailleurs, en la faisant grossir, par exemple», soutient pour sa part Marie-Ève Dutremble Sarazin, conseillère en développement des affaires chez RCGT.

Ailleurs au Québec, il existe déjà des banques d'opportunités d'affaires, notamment celles sous la gouverne du CLD de Coaticook et du CLD Maria-Chapdelaine. Malheureusement, ces deux «BOA» ne semblent pas avoir trop d'impact dans leur région respective.

«C'était quelque chose de demandé, mais ça n'a pas eu un impact considérable. Peut-être aurait-il fallu y consacrer plus d'énergie», nous dit-on au CLD Maria-Chapdelaine. «Nous avons plusieurs bâtisses et quelques commerces à vendre dans notre banque. Mais on ne sait pas si notre outil fonctionne vraiment», explique-t-on au CLD de Coaticook.

Toutefois, les neuf centres de transfert d'entreprises (CTE) du Québec (www.transfertdentreprises.com) ont reçu comme mandat de créer de telles banques. C'est le cas du CTE Saguenay-Lac-Saint-Jean. L'organisme du pays des bleuets a mis sur pied une banque de repreneurs dans laquelle 50 candidats se sont inscrits depuis sa création il y a un an.

«Le hic, c'est que le nombre de cédants n'est pas aussi important. Trop souvent, les entrepreneurs qui veulent vendre vont s'adresser à un comptable qui, à son tour, va préparer la transaction presque en catimini», déplore Langis Lavoie, coordonnateur au CTE Saguenay-Lac-Saint-Jean.