Les gens d'affaires ont, un jour ou l'autre, une raison de vouloir vendre ou acheter une entreprise. Mais il existe une poignée de scénarios qui reviennent assez souvent. Michel Corriveau, spécialiste en transfert d'entreprises depuis 1996, nous en présente quelques-uns.

Pourquoi vendre son entreprise? «Souvent parce qu'on ne trouve pas de relève. Dans d'autres cas, la relève est là, mais le risque est trop grand. Une entreprise, c'est le fonds de pension de l'entrepreneur. Il n'est pas intéressé à le perdre simplement pour faire plaisir à son fils ou à sa fille», explique M. Corriveau, CGA, MBA et président de Gescor et également planificateur financier. Il invite les chefs d'entreprises à jouer de prudence au moment de vendre leur «bébé». «Présentement, la plupart des acheteurs n'ont pas les liquidités nécessaires. Dans la majorité des transactions, le vendeur va jouer les créanciers, en finançant 30 %, et même jusqu'à 80 %, de l'achat. Il doit faire attention de ne pas tout perdre», dit-il.

Pourquoi acheter une entreprise? «Plusieurs transactions se font dans un contexte de consolidation. Que ce soit dans le secteur de l'imprimerie, des gicleurs, de l'informatique ou dans la revente de pneus, il se fait beaucoup d'achats d'entreprises. Souvent, c'est soit parce que les chefs d'entreprises arrivent à leur retraite ou parce qu'il y a trop de petits joueurs dans un même secteur», explique Michel Corriveau.

Selon lui, les motivations sont à peu près toujours les mêmes: accroître sa capacité d'exploitation, se positionner comme un leader dans son secteur d'activité, réaliser des économies d'échelle, augmenter son chiffre d'affaires.

Signe des temps, Michel Corriveau observe qu'un nombre grandissant d'entrepreneurs «à la retraite» effectuent un retour en affaires. «Ils étaient habitués à une vie remplie d'action. À la retraite, ils s'ennuient et cherchent bien souvent à acquérir une entreprise. C'est typique. Pour eux, c'est moins laborieux, car ils ont l'expérience, les contacts, etc.»

Difficile, par ailleurs, de chiffrer le nombre d'entreprises québécoises qui sont à vendre ou qui ont été achetées ces dernières années. «La plupart des transactions se font bien souvent entre parents et enfants et ne sont donc pas nécessairement publiques», explique François St-Arnaud, avocat spécialiste en transfert d'entreprises.

Selon lui, certaines études estiment qu'entre 50 % et 70 % des entrepreneurs québécois prendront leur retraite au cours des 15 prochaines années. Signifiant qu'il y a et qu'il y aura beaucoup d'entreprises à vendre.