Trois ans, c'est le temps qu'il aura fallu à Johnathan Côté pour racheter son patron, Michel Morelli, fondateur de Morelli, une agence de design industriel. Oui, le processus a été long et parsemé de commentaires de gens incrédules devant la durée du transfert. Loin de se laisser influencer, les deux entrepreneurs ne regrettent rien. Avec le recul, ils estiment que toutes ces années n'ont pas été perdues et qu'elles étaient nécessaires.

PROUVER SA VALEUR UNE ÉTAPE À LA FOIS

Âgé de 40 ans, Johnathan Côté a une formation en design industriel. Pendant quelques années, il a vogué d'une firme à l'autre. « Quand on est le dernier entré, on est souvent le premier à partir », se souvient l'entrepreneur, qui a aussi été pigiste. C'est ainsi que le premier contact avec Michel Morelli s'est établi. Après quelque temps, ce dernier lui a offert d'intégrer son entreprise, ce qu'il a fait il y a 11 ans. Dès les premiers instants, Johnathan Côté surpasse les attentes de son employeur. De dessinateur, il devient concepteur. Son sens inné de la gestion pousse Michel Morelli à lui confier la gestion d'un premier contrat majeur. De fil en aiguille, les projets s'accumulent sur le bureau du jeune homme. La relation de confiance prend de l'importance. « Michel a vu ce que je pouvais faire. Je suis entêté et il voyait que mes idées apportaient une plus-value à l'entreprise. J'avais le goût d'avoir de plus en plus de défis. »

COUP D'ENVOI

N'ayant pas de relève naturelle, Michel Morelli, 63 ans, voit en son poulain un successeur potentiel. Les discussions s'entament alors en 2014. « Michel et moi sommes complémentaires. Nous comblons nos faiblesses par les forces de l'autre. J'avais le sentiment qu'avec des partenaires, je pourrais recréer cette symbiose. » Pendant trois ans, le futur entrepreneur met au point sa stratégie d'affaires et prendra de plus en plus sa place au sein de l'agence. « J'ai eu beaucoup de mentors qui m'ont permis de transformer l'entreprise et d'ajouter d'autres services. C'est un processus long, mais qui a été nécessaire. Cela m'a donné le temps de savoir comment j'allais faire les choses et de voir si j'avais ce qu'il faut pour relever ce défi. » En décembre 2016, il se sent prêt.

DES ÉTAPES À NE PAS BRÛLER

Les deux hommes ne connaissent pas totalement la marche à suivre pour procéder au transfert. Ils ont donc recours au Centre de transfert d'entreprise du Québec qui les aide dans le processus. Un tiers indépendant évalue la valeur de l'entreprise et, une fois le prix fixé, le jeune repreneur se qualifie seul auprès de la Banque de développement du Canada. Même si le côté financier peut être un aspect émotif quand vient le temps d'un transfert, c'est le côté humain qui a été l'enjeu le plus grand à relever. Morelli compte seulement neuf employés, la venue de ce nouveau patron n'a pas plu à tous. « L'entreprise est un organisme vivant qui fonctionne grâce aux employés. On est une famille. Un des membres de l'équipe n'a pas voulu continuer avec nous. Bien sûr, cela fait mal, mais le côté humain est le défi pour tout le monde », constate le nouveau patron.

RÉFLÉCHIR ET PRENDRE LE TEMPS

Johnathan Côté donne ces conseils à ceux qui souhaitent céder ou reprendre une entreprise : « Il faut d'abord comprendre dans quoi on s'embarque, connaître les différentes facettes de l'entreprise, sa culture, le rôle de chacun, établir une complicité entre cédant et reprenant. Ensuite, planifier la sortie du cédant et son rôle pour la suite. En gros, tout repose sur la confiance, et cela nécessite du temps. »

Morelli en bref

Année de fondation : 1981

Nombre d'employés : 9

Services : stratégie de développement, design de produits et services, expérience client

Siège social : Montréal