C'est ni plus ni moins qu'une vague de transferts d'entreprise qui est à prévoir au pays, d'après une récente étude de la Banque de développement du Canada (BDC). Or, la plupart des entrepreneurs ne s'y prendraient pas de la bonne façon pour en tirer le maximum. État des lieux en chiffres.

UNE VAGUE HISTORIQUE

Près de la moitié (49 %) des entrepreneurs canadiens prévoient se retirer de leur entreprise d'ici cinq ans. Parmi eux, 41 % des entrepreneurs ne comptent pas en acquérir une autre. Dans 83 % des cas, la raison qui explique leur départ est la retraite.

Ce n'est pas surprenant alors que 60 % des propriétaires de PME ont au moins 50 ans au pays. Au Québec, où la population est un peu moins âgée que dans les provinces atlantiques, par exemple, c'est 44 % des entrepreneurs qui souhaitent se retirer de leur entreprise dans les cinq prochaines années, dont 37 % ne prévoient pas acquérir une nouvelle entreprise.

« Avec 37 % des entrepreneurs au Québec qui souhaitent se retirer de leur entreprise d'ici cinq ans sans en acquérir une autre, on est face à un mouvement important qui se vit aussi dans les autres pays où on connaît un vieillissement de la population. Mais dans l'histoire, on n'a jamais eu une vague de transferts de cette importance. On en parle depuis plusieurs années, mais on commence depuis un an à voir beaucoup plus de transactions partout au Canada. »

- Pierre Cléroux, économiste en chef de la BDC

Cela peut même aller jusqu'à 10 ans, dans le cas d'une entreprise familiale, selon la taille de l'entreprise et sa complexité. Or, la plupart des propriétaires d'entreprise sont persuadés que le processus sera beaucoup plus rapide. Cinq répondants sur six estiment qu'à partir de la prise de contact avec les acheteurs potentiels jusqu'à la conclusion de la vente, il ne s'écoulera pas plus de deux ans. Près de la moitié sont convaincus que l'affaire se réglera en 12 mois.

PLUSIEURS OPTIONS POUR LES ACHETEURS

Les entreprises canadiennes ont des valeurs très élevées actuellement, mais les acheteurs ont aussi accès à beaucoup d'options pour financer un transfert d'entreprise. « Par exemple, pour financer l'achat par les gestionnaires de l'entreprise. C'est d'ailleurs un type de transaction qui a un taux de succès particulièrement élevé et que les vendeurs devraient considérer, affirme Benoit Mignacco, directeur général, Capital de croissance et transfert d'entreprise chez BDC Capital. Plusieurs options sont possibles maintenant pour structurer le financement et ça vaut la peine de prendre le temps de les regarder avec attention. »

« Les vendeurs ont souvent la perception que ce n'est pas important d'investir dans leur entreprise alors qu'ils veulent la vendre, mais c'est faux. Les acheteurs veulent des entreprises en croissance et en bonne santé financière. C'est la même chose que lorsqu'on décide de vendre sa maison. On la mettra la plus belle possible pour en maximiser la valeur. La vente de l'entreprise pour le vendeur est très importante, parce que c'est généralement ce qui financera sa retraite, alors c'est important de s'y préparer adéquatement. »

- Pierre Cléroux, économiste en chef de la BDC

SE PRÉPARER À LA VENTE

Seulement 49 % des entrepreneurs sondés qui prévoient se retirer de leur entreprise ont affirmé mettre de l'ordre dans leurs rapports financiers en vue de la vente. Encore pire, 37 % des répondants ont affirmé qu'ils travaillaient à maximiser les profits. Par exemple, en contenant les frais d'exploitation et en évitant les dépenses qui ne sont pas nécessaires, comme celles liées au train de vie du propriétaire.

MÉTHODOLOGIE

BDC a réalisé 15 entrevues en décembre 2016 avec des entrepreneurs qui avaient réalisé un transfert dans les deux dernières années pour comprendre les défis. Les résultats ont aidé à élaborer le questionnaire du sondage téléphonique mené par Nielson en mars et avril 2017 pour connaître les intentions des entreprises canadiennes de 1 à 499 employés en matière de relève et d'acquisition. Environ 2500 dirigeants de PME au Canada ont répondu au sondage.