Promo Plastik, l'entreprise qui fabrique depuis presque 25 ans l'Effigie du Carnaval de Québec, a connu l'an dernier une croissance de 30 %. Ses employés ne rechignent pas non plus à terminer une commande urgente la nuit ou la fin de semaine. Quelle est sa recette secrète ?

INCERTITUDES

En 1992, Plastiques Gagnon commence à faire des affaires avec Bombardier. L'entreprise de moulage de plastique établie à Saint-Jean-Port-Joli réalise alors que le domaine industriel présente un potentiel important. Elle décide donc de se concentrer sur ce secteur et de vendre sa division d'impression et de fabrication d'articles promotionnels - comme des tasses - en plastique moulé.

Trois employés ont alors l'idée de la racheter. Ils laissent tomber quand ils réalisent qu'il leur faudrait hypothéquer leur maison pour obtenir assez d'argent.

Incapables de trouver une solution qui permettrait à l'usine de rester dans la région, les employés demandent finalement conseil à un commissaire industriel, qui leur propose une idée : la reprise collective.

REPRISE

Au départ, transformer leur division en entreprise coopérative ne va pas de soi pour les employés. « Pour moi, une coop, c'était l'épicerie et la caisse populaire, pas une entreprise du secteur manufacturier », dit Serge Kirouac, directeur général de Promo Plastik.

Malgré tout, désireux de conserver leur emploi, les employés responsables de la reprise continuent de pousser le projet. Ils publient une annonce demandant qui voudrait faire partie de l'aventure. Six personnes de Plastiques Gagnon décident de se lancer. À ces six travailleurs viendront se joindre trois personnes de l'extérieur : un comptable, un directeur de production et un expert en moulage de plastique.

FINANCEMENT

Financement oblige, trois leaders du dossier de reprise vont rencontrer un banquier. La réunion dure 15 minutes. Les neuf membres désirent racheter la division, qui vaut 300 000 $, avec chacun 3000 $.

« Le banquier ne nous prenait pas au sérieux, raconte Serge Kirouac. On avait moins de 10 % du prix demandé. Selon lui, on avait tout à gagner et lui, tout à perdre. Il voulait qu'on mette de 60 à 70 %, sans quoi il ne croirait jamais au projet. »

Ils réussissent enfin à obtenir les fonds auprès de Desjardins, d'un centre d'aide aux entreprises et de la Société de développement industriel. C'est la naissance de Promo Plastik.

RÉSULTATS

Depuis sa naissance sous le modèle coopératif, Promo Plastik baigne dans l'huile. L'entreprise n'a jamais connu d'accident de travail en 25 ans. Elle est donc très bien cotée auprès de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail.

« Par ailleurs, notre structure est souple, alors les gens peuvent ajuster leurs heures de travail s'ils ont besoin de temps pour des raisons familiales, dit le directeur général Serge Kirouac. L'absentéisme, ici, on ne connaît pas ça. »

CROISSANCE

Promo Plastik est aujourd'hui en forte croissance. Il y a cinq ans, elle a racheté le bâtiment dans lequel se trouve son usine, qu'elle louait à Plastiques Gagnon depuis 1992.

L'an dernier, son chiffre d'affaires a bondi de 30 % en raison notamment de l'acquisition de son principal concurrent québécois, Payge International, établi à Montréal. Elle a ramené tous ses actifs, qui étaient dans une usine de 10 000 pi2, dans sa propre usine de Saint-Jean-Port-Joli, qui a la même dimension. Cela a engendré un grand réaménagement et une période de transition qui a duré neuf mois.

SENTIMENT D'APPARTENANCE

Pourquoi les choses vont-elles donc si bien chez Promo Plastik ?

Selon Serge Kirouac, les 15 membres de l'entreprise coopérative sont simplement contents de venir travailler. Les gens s'entraident. Quand l'entreprise obtient un contrat important, les employés acceptent de venir travailler la nuit et la fin de semaine.

« Le taux de rejet a diminué, explique Serge Kirouac. Les pertes sont aussi réduites parce que les travailleurs sont plus sensibles au gaspillage : le plastique, tu l'as payé. Ça augmente la rentabilité. Chaque employé peut dire que Promo Plastik, c'est son entreprise, et ça, c'est une fierté. »