Dave Bérubé, 34 ans, ne s'en cache pas. En acquérant la ferme de son beau-père, il s'est « acheté de l'ouvrage » !

« Mais je suis satisfait de la façon dont les choses se sont déroulées », s'empresse-t-il d'ajouter.

« Une chance qu'on s'est fait accompagner durant le processus de transfert, tient-il à préciser. Ça nous a enlevé de la pression lors des discussions avec mon beau-père et quand est venu le temps de définir le rôle de chacun, une fois la transaction finalisée. »

LÂCHER LES CORDEAUX

Il concède qu'il peut être difficile, parfois même pénible, pour un cédant d'admettre que, désormais, ce n'est plus lui qui prendra les décisions. « Ces gens-là ont parfois de la difficulté à lâcher les cordeaux », dit-il de façon imagée.

« Ça ne s'est pas produit dans mon cas, nuance-t-il, mais dans les transferts d'entreprise impliquant la famille, la chicane peut prendre facilement et rapidement. » 

« Un membre de la famille peut faire tout rater en réclamant sa part du gâteau au moment de la vente. » - Dave Bérubé

Cela fait maintenant trois ans qu'il est propriétaire, avec sa conjointe Nadia Roy, d'une exploitation agricole de taille relativement modeste à Disraeli, à mi-chemin entre Victoriaville et Lac-Mégantic.

Jusqu'à présent, il calcule avoir investi « plus d'un demi-million » pour mettre sa ferme à niveau, acheter des quotas (12,9 kg de lait) et grossir son troupeau (750 porcs d'engraissement et 30 vaches en lactation).

« C'est un défi considérable dans lequel je me suis embarqué avec ma conjointe, analyse-t-il après coup, considérant qu'il faut avoir du courage et la foi pour être producteur laitier et porcin par les temps qui courent, avec toutes les contraintes qui nous sont imposées. Mais j'ai décidé de plonger et je m'accroche à mes rêves pour réussir mon pari ! »

TRANSFÉRER LES POUVOIRS

Le producteur de Chaudière-Appalaches se félicite d'avoir eu la sagesse d'être allé cogner à la porte du collectif régional d'établissement en agriculture (CREA) de sa région pour faciliter ce transfert apparenté.

« J'avais besoin d'être accompagné, soumet-il. Il y a beaucoup de paperasse dans une transaction, c'est une source de tracas. Il faut penser au notaire, au comptable ; il faut avoir une bonne stratégie d'adaptation pour ne pas manquer notre coup. » Il a fait appel à Cynthia Doyon, conseillère en transfert d'entreprise au CREA Chaudière-Appalaches.

« Il y a de très nombreux cas de transferts réussis dans la région, calcule-t-elle. On peut parler d'environ une centaine de dossiers ouverts en milieu agricole annuellement chez nous. »

Elle observe, par ailleurs, que la dimension humaine joue un rôle prépondérant lors des étapes conduisant au transfert d'une entreprise.

« Autant le repreneur que le cédant ont besoin de conseils avant, pendant et après la vente de l'entreprise. Un transfert, ce n'est pas uniquement une transaction comptable, il ne faut pas l'oublier ! »

POUR RÉUSSIR UN TRANSFERT

Pour réussir un transfert, il faut, selon Cynthia Doyon, conseillère au collectif régional d'établissement en agriculture (CREA) Chaudière-Appalaches : 

1) établir une bonne communication entre le vendeur et l'acheteur ;

2) bâtir une relation de confiance axée sur le respect et l'intégrité ;

3) cheminer à visière levée et ne pas tenter de cacher la vérité ;

4) travailler dans l'intérêt de l'entreprise et de ses employés ;

5) permettre au cédant de se détacher progressivement de son entreprise.