Les données et leur analyse forment la base de la stratégie d'investissement en Bourse de nombreux investisseurs. Inovestor, un développeur montréalais de logiciels du domaine de la finance, met deux outils à leur disposition: StockGuide et StockPointer.

Le premier logiciel, StockGuide, compile et normalise les informations financières des compagnies publiques du Canada.

« On est la seule firme au pays qui offre un tel service », affirme le président d'Inovestor, Pascal Lefrançois.

Le logiciel est utile pour les investisseurs parce qu'il leur permet de comparer les données financières actuelles et historiques de deux firmes sans avoir à fouiller dans leurs états financiers individuels.

Il normalise aussi le jargon. Alors qu'une firme utilise le mot « revenus », une autre se sert de « produits ». Ces deux termes réfèrent pourtant au même concept financier. StockGuide ramène toutes ces informations au même dénominateur commun.

À partir de ces chiffres, les analystes financiers peuvent calculer différents ratios, statistiques ou indicateurs et essayer de trouver les actions ayant le meilleur potentiel de croissance. Pour cela, certains d'entre eux se servent également de StockPointer.

C'est un logiciel d'analyse de données financières publiques misant sur l'indicateur de création de valeur EVA, soit la valeur économique ajoutée.

La méthode repose sur le rendement et le coût du capital. C'est une technique qui, bien qu'elle soit enseignée à l'université, demeure encore relativement peu commune dans les cercles financiers canadiens.

« On l'utilise aux États-Unis davantage qu'ici, dit Pascal Lefrançois. Plus généralement, les investisseurs se fient encore beaucoup au bénéfice par action. C'est simple parce que c'est un chiffre que les compagnies publient. L'EVA, il faut la calculer. »

Aujourd'hui, plus d'une dizaine de milliers d'utilisateurs se servent mensuellement des produits d'Inovestor, fondé en 1999. Les clients sont principalement des conseillers en placements et des gestionnaires de portefeuilles institutionnels.

« Environ 70 % de notre chiffre d'affaires provient de l'extérieur du Québec », dit Pascal Lefrançois.

Après avoir acheté StockGuide Publication en 2004 et StockPointer en 2011, Inovestor connaît aujourd'hui une forte croissance.

Pascal Lefrançois, le président, parle même d'une phase de croissance « extrême ». Cette année, l'entreprise prévoit multiplier son chiffre d'affaires par deux. Depuis l'an dernier, le personnel a doublé pour atteindre un total de 32 employés.

« Nous avons de la difficulté à remplir des postes, notamment en développement, dit Pascal Lefrançois. On cherche encore des candidats. »

StockGuide et StockPointer sont offerts dans le nuage, en logiciel en tant que service. Les applications mobiles ne sont toutefois pas encore dans les plans. « La mobilité n'est pas une priorité pour nos clients, les investisseurs institutionnels. »

En contrepartie, Inovestor prévoit lancer de nouveaux logiciels à partir de la fin de l'année.

Le président parle par exemple d'une application destinée aux firmes de courtage, un « robo-advisor », qui utilise des algorithmes pour conseiller les investisseurs.

En chiffres

32: employés

70 %: portion du chiffre d'affaires tiré de ventes hors du Québec

7500: sociétés sur lesquelles StockGuide offre de l'information

1999: fondation d'Inovestor

Une appli pour faire du profit

Yannick Grégoire, gestionnaire de portefeuille chez Desjardins, se sert quotidiennement de StockPointer depuis deux ans pour chercher les meilleurs investissements.

Pour le moment, les actions qu'il a choisies avec StockPointer ont eu un rendement supérieur à l'indice de référence.

Il a aussi été en mesure de choisir des investissements peu volatils, c'est-à-dire des investissements dont le prix n'a pas tendance à osciller ou à varier beaucoup.

« La volatilité de nos investissements, en écart-type, était moitié moins élevée que celle du marché de Toronto, dit Yannick Grégoire. C'est ça qui est important pour nous, et surtout pour les clients qui approchent de la retraite, plutôt que de battre le marché. »

Le gestionnaire de portefeuille estime que la méthode de valeur économique ajoutée, mise de l'avant dans le logiciel StockPointer, lui permet de cibler les entreprises qui présentent le moins de risque et la meilleure rentabilité à long terme.

« Pour une entreprise, c'est facile d'influencer le bénéfice net », affirme Yannick Grégoire. Elle peut entre autres faire des mises à pied.

« Avec la valeur économique ajoutée, il est plus facile d'identifier les firmes qui truffent leurs états financiers pour créer de la valeur à court terme sur le bénéfice net, ou celles qui sont sous-évaluées à long terme et qui peuvent prendre un an ou deux à trouver leur valeur. »

PHOTO FOURNIE PAR INOVESTOR

Stockpointer est un logiciel d'analyse de données financières. 

L'an dernier, le gestionnaire de portefeuille a par exemple acheté des actions de Glentel, un détaillant de services de mobilité actif principalement dans l'ouest du pays. StockPointer estimait que l'action était sous-évaluée de 20 %.

Le prix du titre était pourtant relativement stable. Il se tenait près de 17 $, avec des pics à 20 $ et des creux à près de 14 $.

Finalement, vers la fin de l'année, Bell a racheté l'entreprise, raconte Yannick Grégoire.

« Le titre a doublé. »

PHOTO FOURNIE PAR INOVESTOR

Stockpointer est un logiciel d'analyse de données financières.