Les PME se retrouvent avec différents enjeux complexes liés à la sécurité et à la fraude, souvent sans trop savoir comment s'attaquer au problème. De plus en plus, elles font appel à des firmes spécialisées dans le domaine. À quoi peut-on s'attendre comme services et obligations de la part de ces entreprises ?

« Un nouveau vice-président finance est entré en poste dans une PME, raconte Antony Donato, vice-président chez SIRCO, entreprise spécialisée en enquête. Rapidement, il a réalisé que quelque chose ne fonctionnait pas. Il avait des motifs de croire que des vols étaient effectués par le vice-président opérations, un cadre pourtant au-dessus de tout soupçon présent dans l'entreprise depuis 20 ans. La PME a fait appel à nos services pour faire enquête. On a installé un logiciel espion sur l'ordinateur qu'il utilisait et entrepris une filature. On a découvert qu'il volait 5000 $ par mois à la compagnie depuis cinq ans. Grâce à notre preuve, l'employeur a pu agir sans se retrouver dans des procédures longues et coûteuses. »

Consommation de drogue dans des usines, employés qui se disent blessés au travail et qui touchent des indemnités, alors qu'ils font des rénovations au chalet : les cas où les entreprises ont besoin de services d'enquête sont variés et nombreux.

Par contre, on ne peut pas demander une enquête à n'importe qui et sur n'importe quoi.

« Pour qu'une entreprise demande que quelqu'un fasse l'objet d'une enquête, elle doit avoir un lien avec cette personne, une raison qui justifie l'investigation et avoir tenté auparavant d'obtenir l'information autrement. » - Claude Paul-Hus, directeur général du Bureau de la sécurité privée (BSP), qui veille à la protection du public dans le domaine

Une entreprise ne peut donc pas partir à la pêche aux informations compromettantes seulement parce qu'elle a une dent contre un employé.

« Ce serait un cas d'intrusion à la vie privée », indique Claude Paul-Hus.

PAS DE POUVOIRS D'EXCEPTION

On ne peut pas demander non plus à un agent de réaliser n'importe quelle mission.

« Il a les mêmes droits que n'importe quel autre citoyen. Il peut aller dans des endroits publics pour vérifier, par exemple, si une personne est présente ou pas, surveiller ses allées et venues, mais il ne peut pas entrer chez elle. » - Claude Paul-Hus

Dans l'exemple donné par SIRCO, on a pu fouiller l'ordinateur utilisé par l'employé et y installer un logiciel espion parce que les motifs étaient sérieux et que l'appareil appartenait à l'employeur.

Un agent de sécurité ne peut pas non plus user de la force pour faire son travail.

« Les agents jouent un rôle de surveillance et de protection, affirme M. Paul-Hus. Ils ont un effet dissuasif, mais en cas de problème, comme vous et moi, ils doivent appeler la police. »

Ils doivent aussi réaliser leur travail avec politesse. Si ce n'est pas le cas, on peut porter plainte contre eux au BSP.

TROUVER QUELQU'UN DE CONFIANCE

La Loi sur la sécurité privée, entrée en vigueur en 2010, couvre six secteurs : le gardiennage (communément appelé les agents de sécurité), l'investigation, la serrurerie, les systèmes électroniques de sécurité, le convoyage de biens de valeur et le service-conseil en sécurité.

« Notre mission est de protéger le public dans ces domaines, explique Claude Paul-Hus. On veut éviter, par exemple, que celui qui installe des caméras dans une entreprise se laisse un angle mort pour venir y commettre une infraction quelques mois plus tard. »

Chaque agent et l'agence pour laquelle il travaille doivent obtenir un permis d'exercer.

« Avant de l'accorder, on s'assure que la personne a de bonnes moeurs, qu'elle n'a pas d'antécédents criminels et qu'elle n'a pas commis d'infractions ayant un lien avec l'exercice de l'activité, puis qu'elle a suivi la formation nécessaire, explique M. Paul-Hus. On continue d'ailleurs le suivi une fois le permis accordé. »

Photo André Pichette, La Presse

Une entreprise ne peut pas partir à la pêche aux informations compromettantes seulement parce qu'elle a une dent contre un employé, souligne Claude Paul-Hus, directeur général du Bureau de la sécurité privée.