On craignait que son élection soit néfaste pour le marché boursier américain. Tout au contraire, la victoire de Donald Trump a propulsé les indices boursiers américains vers de nouveaux sommets. L'enthousiasme sera-t-il toujours au rendez-vous lorsqu'il présentera son agenda au Congrès ? À l'heure des choix d'investissements pour les REER, deux experts nous aident à y voir plus clair.

L'état des choses

La forte poussée de la Bourse américaine à la suite de l'élection de Donald Trump fait que maintenant, les actions américaines ne sont pas très bon marché, estime Pierre Trottier, gestionnaire de portefeuilles à l'Industrielle Alliance. L'indice S&P 500 se négocie actuellement à un multiple cours/bénéfices de 20 fois les profits réalisés au cours de la dernière année. La moyenne historique si situe plutôt autour de 15 fois. Qui plus est, la Bourse américaine est en phase haussière depuis plus de huit ans, soit depuis le 9 mars 2009, après la débâcle attribuée à la crise financière. Rarement un bull market n'aura duré aussi longtemps.

Suivre les bénéfices

En fin de compte, ce sont les bénéfices qui déterminent la valeur boursière des entreprises et 2017 pourrait bien s'avérer une année charnière à cet égard. Comme la croissance des bénéfices a été nulle en 2016, après un repli de 5 % en 2015, une reprise s'avère essentielle cette année. Les experts prévoient une croissance des bénéfices de 7 % à 10 % en 2017 pour l'indice S&P 500. « Et ce pourrait être encore plus, si l'on pouvait compter sur la baisse d'impôt promise lors de la campagne électorale », dit Pierre Trottier. Mais on a eu tendance à surestimer les prévisions de bénéfices au cours des dernières années, rappelle Philippe Hynes, président de Tonus Capital.

Attendre les replis

Acheter quand les cours sont bas et vendre quand ils sont hauts, dit l'adage boursier. Le mot d'ordre pour l'instant est d'être patient, conserver de l'encaisse et attendre que les marchés corrigent les excès, explique Philippe Hynes. « Il faut être prudent lorsque les prix des titres sont élevés comme c'est le cas actuellement », dit-il. Il rappelle qu'il y a eu trois corrections importantes en 2016, d'abord en février, puis en juin et finalement, début novembre, juste avenant l'élection. Il y en aura certainement d'autres en 2017, croit Philippe Hynes. Il faut donc éviter de payer trop cher actuellement.

Valeur plutôt que croissance

Depuis l'élection du 8 novembre, les titres des grandes sociétés industrielles, ainsi que ceux du secteur financier, ont connu les meilleures performances. Les promesses de baisses d'impôt, d'augmentation des dépenses gouvernementales et de relaxation de la réglementation ont fait leur oeuvre. Pour un, l'indice du secteur financier est en hausse de plus de 20 % depuis deux mois. « Reste-t-il un potentiel de gain ? », demande Philippe Hynes. On peut en douter. La Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé qu'elle prévoit effectuer trois hausses de son taux directeur en 2017. « Ce contexte va favoriser les titres de valeur, plus défensifs et offrant un bon dividende », dit Pierre Trottier.

Avoir à l'oeil les technos

Le secteur de la technologie offre de bonnes occasions en cette période quelque peu atypique, selon Pierre Trottier. C'est que ce secteur ne s'est pas vraiment envolé comme d'autres depuis l'élection. À titre d'exemple, IBM se négocie à 12 fois les bénéfices et verse un dividende de 3,4 %. Cisco n'est qu'à 13 fois les profits avec aussi un dividende de 3,4 %. Sans oublier Apple, qui, à 13 fois les bénéfices, prépare l'arrivée d'un nouvel iPhone. « Dans le secteur de la technologie, on parle de plusieurs éléments catalyseurs, tels des baisses d'impôt, des hausses de dividendes, des rachats d'actions. Somme toute, tous les espoirs sont permis dans ce secteur », dit Pierre Trottier.

Sous le radar

À défaut d'acheter des titres qui se sont améliorés de 20-30 % depuis deux mois, que faire ? Il faut être à l'affût des situations intéressantes que le radar n'a pas encore captées, explique Philippe Hynes. Par exemple, dans le secteur financier, plutôt que d'acheter les titres des grandes banques, il se tourne vers des entreprises comme Liberty Tax. Cette société est la deuxième en importance après H & R Block dans la production de déclarations de revenus. Le titre a été boudé depuis quelques années, mais il offre maintenant un rendement du dividende de 4,5 % et des perspectives fort intéressantes, selon son analyse.

Photo Michael Nagle, archives Bloomberg

Le bull market (marché du taureau) est un marché haussier sur une longue période de temps. A contrario, un bear market (marché de l'ours) est un marché en tendance baissière.