Plombés par la chute du prix du pétrole et une économie vacillante, le dollar canadien et la Bourse canadienne ont connu une année 2015 difficile. Le huard a perdu près de 20% et l'indice S&P/TSX a cédé plus de 11%. La nouvelle année a commencé dans le rouge, mais peut-on espérer mieux?

LE JEU DU TAUX DE CHANGE

En mai dernier, le dollar canadien cotait 0,84 $US. Il peine actuellement à se maintenir au-dessus de 0,69 $US. Par sa chute, le dollar canadien a fait le bonheur des investisseurs du pays qui ont eu la clairvoyance de s'exiler sur la Bourse américaine. Bien que les principaux indicateurs boursiers américains ont fait du surplace en 2015, les investisseurs canadiens ont réalisé des rendements oscillant entre 15 et 20 % simplement grâce à l'appréciation du dollar américain. Mais ne vous y méprenez pas. Cela n'arrive pas chaque année.

LE DOLLAR CANADIEN

La chute du dollar canadien est intimement liée à la chute du prix du pétrole. Et ça va se poursuivre. « Le dollar canadien en 2016, ce sera encore l'histoire du prix du pétrole », dit Hendrix Vachon, économiste principal chez Desjardins et spécialiste du marché des devises. Mais aussi, il sera influencé, probablement négativement, par les actions de la Réserve fédérale américaine (Fed). Le dollar canadien sera sous pression chaque fois que la Fed haussera son taux directeur. Pis encore, la Banque du Canada pourrait baisser les taux au Canada au début de l'année, ce qui maintiendra la pression sur le huard, craint M. Vachon.

LE PÉTROLE

Facteur important s'il en fut un, la dégringolade du prix du pétrole a durement touché les rendements boursiers canadiens en 2015. Et l'année 2016 s'amorce très mal. Au moment d'écrire ces lignes, le prix du pétrole américain WTI (West Texas Intermediate) poursuivait sa chute. Où cela s'arrêtera-t-il ? « La chute du prix du pétrole est devenue irrationnelle », dit Benoit Brillon, gestionnaire chez Gestion de portefeuilles Landry. « Bien qu'un renversement de la tendance est possible à tout moment, mieux vaut ne pas se placer devant le train actuellement, mais demeurer éveillé à tout signal annonçant un changement de conjoncture », suggère-t-il.

LE GRAND RISQUE

Au prix du pétrole actuel, les sociétés pétrolières canadiennes opèrent sous le seuil de la rentabilité. Cela ne peut pas durer très longtemps. Tous espèrent que le prix remonte quelque peu et que l'équilibre revienne à l'été, explique Benoit Brillon. Le grand risque provient des dettes des producteurs. Si le prix du pétrole baissait encore et que l'espoir d'une remontée s'estompait momentanément, les banques canadiennes n'auraient pas le choix de restreindre l'accès au capital des sociétés pétrolières, selon M. Brillon. « Si cela devait se produire, le marché des actions canadiennes serait à nouveau ébranlé », dit-il.

QUAND SE MOUILLER

La Bourse canadienne et le huard ont baissé substantiellement. Est-ce le temps de rapatrier les dollars investis aux États-Unis et de profiter des aubaines sur la Bourse canadienne ? « C'est tentant, mais il est peut-être un peu tôt », dit Benoit Brillon. Pour le huard, il faut d'abord s'assurer que la baisse du prix du pétrole est terminée, selon lui. Le mot d'ordre demeure la diversification. « Si vous possédez un portefeuille bien diversifié, il n'y a pas de raison de paniquer. Attendez toutefois que le feu passe au vert avant de vous commettre davantage sur le marché canadien », dit-il.

LES FINANCIÈRES

Certes, il faut être prudent. Mais il doit quand même y avoir quelques bons secteurs d'investissement au Canada. Qu'en est-il des financières ? Elles retiennent l'attention de Cimon Plante, gestionnaire de portefeuilles à la Financière Banque Nationale. Le coût des fonds est plus élevé à cause des nouveaux règlements, et le ralentissement économique a fait mal, mais les banques bien diversifiées aux États-Unis telles la BMO et la TD sont intéressantes, selon lui. Mais il préfère encore les assureurs tels Sun Life et Manuvie, dont la gestion du risque est maintenant bien meilleure que lors de la crise financière.

TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET CONSOMMATION

Les technologies de l'information forment un secteur plus spéculatif, mais certains titres qui ont reculé au cours de la dernière année offrent maintenant un bon potentiel d'appréciation, croit Cimon Plante. Les préférés du gestionnaire de la Financière sont Avigilon Corp (AVO), CGI (GIB.A) et DH Corp (DH). De plus, les secteurs de la consommation, de base et discrétionnaire, ont bien servi les investisseurs en 2015 et pourraient bien continuer de le faire. « Mais il faut être conscient que les évaluations dans ces secteurs commencent à être dispendieuses », dit Cimon Plante.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE LA PRESSE SUJET : Portrait de Hendrix Vachon, choisi personnalité de la semaine.-30-REF # : 670 592

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND LA PRESSE. Dans cette photo : Benoit Brillon, chef des placements Gestion de portefeuille Landry-30-Référence # 574 332 Section : Affaires