En 2015, Laure vient de franchir la quarantaine sans trop de mal. «Moi, c'est 20 ans qui a été difficile; 40 ans, c'était correct!»

Depuis 10 ans, il y a eu des succès et des écueils. De la ténacité. De nouveaux projets.

Elle a terminé comme prévu ses études en traduction et elle est devenue travailleuse autonome en 2006.

«Ça va bien, j'ai bien aimé l'expérience.»

Ses revenus? Ils ont varié au fil des contrats, pour se maintenir en moyenne à une fois et demie son salaire de 2005, c'est-à-dire en deçà de son objectif de 40 000$.

Sans surprise, les cotisations à son REER, qu'elle espérait porter à un minimum de 5000$ par année, ont connu le même parcours accidenté.

«J'ai eu des années où j'ai pu verser beaucoup plus et d'autres où je n'ai rien versé du tout.»

Elle précise timidement: «Je n'ai que 42 000$ dans mon REER, actuellement.»

À sa décharge, elle en a retiré 10 000$ dans le cadre du Régime d'encouragement à l'éducation permanente (REEP) pour suivre une formation collégiale en dessin de bâtiment par ordinateur: sans abandonner la traduction, elle aimerait concevoir des bâtiments écologiques.

«J'ai suivi un cours pour savoir comment construire des maisons passives et j'ai suivi quelques cours à Écohabitation.»

Espoirs immobiliers

Le projet d'achat d'un plex avec son frère ne s'est pas concrétisé. «On a visité des immeubles, mais pour la somme qu'on voulait investir, les immeubles n'étaient pas en très bon état, et les prix ont continué à monter depuis.»

Elle n'écarte pas pour autant l'idée d'investir en immobilier, «pour pouvoir léguer ça à la génération suivante».

Mettre au monde cette génération suivante était d'ailleurs un des projets qu'elle chérissait, il y a 10 ans. Où en sommes-nous? «Ce n'est pas encore fait, lance-t-elle en riant. J'ai eu 40 ans, alors il faut que ça se fasse bientôt, sinon ça ne se fera pas.»

Entre-temps, elle a continué à faire des versements réguliers dans le REEE de son neveu, un engagement du coeur auquel elle n'a jamais failli.

Beaucoup de projets

Elle vient de lancer avec son conjoint une petite entreprise de gestion de copropriétés. «On commence notre premier contrat en février.»

Ils ne possèdent pas de condo eux-mêmes. Ils ont récemment emménagé dans un nouvel appartement, qu'ils viennent de repeindre.

«Non, on n'a pas d'expérience. On va apprendre en le faisant. J'ai suivi des cours un peu dans le domaine et on s'est acheté un très bon livre de référence. Ce n'est pas non plus un gros immeuble. On espère que ça va déboucher sur d'autres contrats.»

Ils n'ont pas de voiture non plus. «On a choisi d'habiter un plus grand appartement. Mais avec le contrat de gestion de copropriétés, on va peut-être devoir au moins s'abonner à Communauto.»

Laure caresse un autre projet: un site web qui favoriserait l'échange de services culinaires entre voisins.

Épargne

Elle évoque discrètement un endettement inconfortable. «C'est surtout des dettes de consommation, ce ne sont pas de bonnes dettes.»

Cartes de crédit, marge de crédit... Il faudra faire le ménage avant d'espérer épargner pour la retraite. «Il faut rembourser tout ça. C'est fatigant. C'est aussi pourquoi je veux augmenter mes revenus: avec nos revenus actuels, ça va prendre trois millions d'années.» Approximativement.

«C'est correct, on va passer par là et, après, on va avoir de bonnes habitudes. Enfin, j'espère.»

Elle sait qu'elle devra choisir un projet en priorité, en sacrifier ou en retarder d'autres. «Entre ce qui est important et ce qui est urgent, j'ai quelquefois de la difficulté à faire le tri et je finis par faire ce qui est urgent.»

Une manière d'autocritique...

Mais elle replace les choses en perspective: «J'ai quand même réussi à faire mon certificat en traduction, à faire de la traduction depuis 2006 et à contribuer au REEE de mon neveu.»

En réserve: du coeur et du courage. Il faudra y puiser.

 

En 2005...

En 2005, elle avait participé à la chronique de consultation en finances personnelles Sous la loupe. Dix ans plus tard, où en est-elle?

Situation en 2005

Laure (pseudonyme) avait 30 ans.

Revenu annuel: environ 22 000$

REER: 8000$

Elle versait 50$ par mois dans le REEE de son neveu

Les objectifs

> Travailler à son compte en traduction

> Doubler son salaire en deux ans

> Avoir des enfants

> Acheter une maison de 150 000$ avec son frère

> Verser au moins 5000$ dans ses REER chaque année

Le conseil du planificateur

À moins d'une très forte hausse de revenus, Laure allait devoir faire des choix et procéder par étapes.