Comme toujours à cette époque de l'année, vous songez à cotiser à votre REER. Que devez-vous savoir? Le moment est-il propice pour le faire? Devriez-vous plutôt considérer une cotisation à un CELI? Quelles sont les tendances et les nouveautés? Des experts répondent à ces questions afin de vous aider à prendre la bonne décision.

Grande tendance, la popularité du CELI

À n'en pas douter, le compte d'épargne libre d'impôt (CELI) gagne chaque année en popularité: en ce qui a trait aux cotisations, il serait maintenant côte à côte avec le REER. «Et il devrait même le dépasser bientôt», estime Carl Yergeau, analyste, planification financière avancée, à l'Industrielle Alliance.

Le CELI est perçu comme un complément au REER. C'est aussi un régime d'épargne enregistré. Il ne permet pas d'économiser de l'impôt sur les cotisations, mais tous les revenus de placement, intérêts, dividendes et gains en capital, sont complètement à l'abri de l'impôt. Donc aucun impôt sur les retraits du CELI, contrairement au REER, où les retraits éventuels s'ajouteront aux revenus et seront alors imposables.

«Depuis l'arrivée du CELI, en 2009, il y a moins de monde qui cotise à un REER, car il existe maintenant une alternative intéressante», dit Daniel Laverdière, directeur principal, Banque Nationale Gestion privée 1859.

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Depuis l'arrivée du CELI, il y a moins de cotisants au REER, constate Daniel Laverdière, directeur principal, Banque Nationale Gestion privée 1859.

Le REER, un outil encore essentiel

Malgré la popularité grandissante du CELI, le REER demeure un outil essentiel d'accumulation d'épargne en vue de la retraite. «Pour sa capacité de réduire la facture fiscale, il gardera toujours sa place», dit Carl Yergeau. Le remboursement d'impôt qu'il permet est un outil important pour faire croître l'épargne. Par exemple, si vous cotisez 10 000$ à votre REER et que votre taux d'imposition est de 40%, vous recevrez 4000$ en remboursement d'impôt, somme que vous pourrez ajouter à vos autres épargnes. Vous aurez donc épargné 14 000$, et non pas 10 000$.

À une époque où les avantages que confèrent les caisses de retraite des gouvernements et des organismes publics sont remis en question à cause des coûts jugés trop élevés, le REER prend toute sa dimension de substitut aux fonds de pension, soit une rémunération que le cotisant recevra plus tard à la retraite.

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Le REER demeure un outil essentiel, estime Carl Yergeau, analyste, planification financière avancée, à l'Industrielle Alliance.

Comment gérer le contenu?

Le REER n'est pas un placement en soi, mais plutôt un contenant dans lequel on verse ses épargnes. Investir ses épargnes lorsqu'elles sont détenues dans un REER, c'est comme pour tout autre portefeuille, il faut veiller à sa conformité, explique Carl Yergeau. «Il importe de bien établir son profil d'investisseur et de le respecter», dit-il.

Mais aussi, il importe de détenir les placements au bon endroit afin de bénéficier du maximum de l'avantage fiscal que le REER permet, ajoute l'analyste. Ainsi, il est intéressant de placer dans le REER les titres à revenu fixe comme les obligations, car les revenus d'intérêt font l'objet d'une imposition plus élevée que les dividendes et les gains en capital.

Mais aussi, il faut bien comprendre que le REER est un investissement à long terme, explique Sophie Sylvain, planificatrice financière chez Desjardins Gestion de patrimoine chez Desjardins. «Il faut faire confiance aux marchés boursiers pour la croissance du capital», dit-elle. L'objectif doit être d'obtenir à long terme un rendement supérieur à l'inflation.

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Le REER est un investissement à long terme, rappelle Sophie Sylvain, planificatrice financière, Desjardins Gestion de patrimoine.

Quelques chiffres

Chaque année, les Canadiens cotisent un peu plus de 30 milliards dans des comptes REER. Depuis quelques années, on note une légère hausse des cotisations annuelles moyennes, indique Sophie Sylvain. «Ce serait en réaction aux craintes envers les programmes gouvernementaux, sur lesquels on n'a pas le contrôle», dit-elle.

L'âge moyen du cotisant au REER est de 46 ans. Les hommes sont plus nombreux à cotiser que les femmes, soit 61% contre 39%.

Cotiser au REER est un phénomène important, surtout en début d'année. La publicité est alors accrue et elle rappelle à tous les travailleurs que le moment est venu de diminuer leur facture fiscale et de préparer leur retraite en augmentant leur épargne.

Cette année, la date limite pour cotiser à son REER est fixée au 2 mars.

Une bonne planification

Compte tenu de l'existence d'autres outils d'accumulation d'épargne à l'abri de l'impôt, il importe plus que jamais d'appuyer ses décisions d'épargne sur une bonne planification financière. En effet, en plus du CELI introduit en 2009, les Québécois, peu importe qu'ils soient travailleurs autonomes ou employés d'une petite, moyenne ou grande entreprise, peuvent également souscrire à un régime volontaire d'épargne-retraite (RVER) si l'entreprise n'offre pas d'autres plans de retraite. En vigueur depuis le 1er juillet, ce régime oblige les entreprises à inscrire leurs employés à un RVER dans lequel ils verseront un minimum de 2% de leur salaire à partir d'une déduction sur le salaire qui sera exempte d'impôts, comme les cotisations à la Régie des rentes du Québec (RRQ).

Devant les nombreux choix qui s'offrent, le REER n'est plus toujours celui à privilégier, surtout pour les épargnants à faible revenu. L'économie d'impôt est pour eux marginale; ils ont plutôt avantage à cotiser à un CELI.