Mettre au point des médicaments ou des technologies médicales demande des ressources importantes. Pour partager le risque, mais surtout pour tirer parti des forces de chacun, les centres de recherche publics et les entreprises ont trouvé des façons de collaborer pour que tout le monde y trouve son compte.

Domain Therapeutics s'implante à Montréal

La société française Domain Therapeutics a ouvert une filiale à l'Institut NÉOMED, à Montréal, en janvier dernier. La décision a été motivée par le partenariat qui unit l'entreprise à l'Université de Montréal et l'Institut de recherche en immunologie et cancérologie (IRIC). «Domain a acheté la licence d'une technologie mise au point à l'IRIC pour trouver de nouveaux médicaments ciblant une famille de récepteurs cellulaires particuliers, explique Pascal Neuville, directeur général de Domain Therapeutics. Nous avons maintenant quatre personnes qui travaillent à ce projet à Montréal, et une autre devrait s'ajouter bientôt.» L'Institut NÉOMED souhaite justement héberger de petites sociétés pharmaceutiques. Il occupe les locaux de l'ancien centre de recherche d'Astra Zeneca, dans l'ouest de l'île de Montréal.

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L'Institut NÉOMED

Un centre mondial d'expertise en recherche clinique précoce

Montréal pourrait bientôt devenir un pôle important de la recherche clinique précoce. Voilà ce que vise Montréal InVivo, grappe des sciences de la vie et des technologies de la santé du Grand Montréal. Appuyé à hauteur de 500 millions par le gouvernement québécois, Montréal InVivo entend attirer les investissements des sociétés pharmaceutiques et des équipementiers médicaux pour qu'ils réalisent ici leurs études cliniques. «On souhaite optimiser les processus et le recrutement des patients en plus d'améliorer la collaboration entre les différents centres de recherche hospitaliers de Montréal, explique Michelle Savoie, présidente-directrice générale de Montréal InVivo. À terme, on souhaite rendre la ville concurrentielle pour attirer des capitaux étrangers.» Si les prévisions de l'organisme s'avèrent, les investissements dans la région montréalaise devraient doubler, pour passer à 70 millions d'ici cinq ans et créer 500 emplois.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Michelle Savoie est présidente-driectrice générale de Montréal InVivo

Janssen se joint au CQDM

La société pharmaceutique Janssen se joint au consortium public-privé de recherche précompétitive du CQDM, qui finance la mise au point de technologies et d'outils susceptibles d'accélérer la création de médicaments. Son arrivée porte à neuf le nombre d'entreprises de ce partenariat public-privé. L'entreprise dit s'intéresser surtout au programme EXPLORE du CQDM, qui finance des projets à risque et à récompense élevés, explique Diane Gosselin, présidente et directrice générale du CQDM. «Ce sont des projets non conventionnels qui ne pourraient pas être financés autrement, dit-elle. On se permet de prendre le risque parce qu'ils pourraient changer la donne.» En plus de leur contribution financière, les entreprises apportent leur expertise sur le terrain, ajoute-t-elle. «L'objectif, c'est de construire des relations qui pourront durer dans le temps.»

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Diane Gosselin est présidente et directrice générale du CQDM

L'IRIC et Bristol Myers-Squibb tissent des liens serrés

L'Institut de recherche en immunologie et cancérologie (IRIC) de Montréal et Bristol Myers-Squibb (BMS) ont lancé ensemble des études cliniques l'année dernière, en vue de commercialiser un nouveau médicament. Voilà un bon exemple du virage qu'a pris l'industrie pharmaceutique dans les dernières années, explique Alain Boisvert, vice-président accès au marché et affaires publiques de BMS. «Tout le secteur a beaucoup évolué, dit-il. Alors qu'avant on travaillait en vase clos, aujourd'hui, c'est environ 50% de la recherche qui se fait en dehors des murs de nos laboratoires.» En commençant les essais cliniques, l'IRIC a obtenu de BMS le paiement d'un jalon qui lui permet de financer une partie de sa recherche. D'autres paiements sont à prévoir si le médicament auquel travaillent les deux partenaires devait franchir d'autres étapes le menant éventuellement à la commercialisation.

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Les chercheurs de l'Institut de recherche en immunologie et cancérologie (IRIC) de Montréal sont appelés à travailler en collaboration avec certaines entreprises pharmaceutiques.

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Alain Boisvert, vice-président accès au marché et affaires publiques de BMS

Alliance entre Solutions Greybox et McGill

Suivre l'état de santé des gens à distance, voilà ce que cherche à faire la jeune entreprise Solutions Greybox. Elle a mis au point une série de biocapteurs capables de mesurer à distance des signaux physiologiques, à intégrer notamment dans un glucomètre et dans une semelle de chaussure. Pour y arriver, Greybox a entamé l'année dernière une collaboration avec des chercheurs de l'Université McGill. «Faire de la recherche et du développement, ce n'est pas simple pour une petite entreprise, explique Pierre Bérubé, président de Solutions Greybox. En travaillant avec les gens de McGill, on mise sur une quarantaine de personnes plutôt que seulement 11.» À terme, l'entreprise espère contribuer à accélérer le suivi clinique des patients avec des applications mobiles pour relier les individus aux cliniques médicales.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Pierre Bérubé est président de Solutions Greybox

Étude clinique: Uman Pharma appuie l'INRS

Il est rare qu'un laboratoire universitaire se lance dans une étude clinique. C'est pourtant ce que fait l'INRS, en se basant sur les travaux de Michel Charbonneau, chercheur de l'établissement aujourd'hui décédé. Ce dernier avait découvert que deux agents anticancéreux, la décitabine et la génistéine, travaillent de façon synergique lorsqu'on les jumelle pour combattre des cellules cancéreuses. Il souhaitait déterminer quel serait leur impact chez des patients atteints d'un cancer du poumon. Fabriquer ces produits demandait toutefois une expertise que seule l'industrie pouvait offrir. Deux fabricants ont donc été impliqués. L'un d'eux, Uman Pharma, est situé tout près, à Candiac. Selon son président, la décision de participer à l'étude clinique allait de soi. «Nous avions déjà le produit en développement, et la cause était viable, explique Sylvain Duvernay, alors on ne pouvait pas dire non.»