Comme son nom l'indique, le capital de risque est un investissement risqué. Mais pour les PME qui s'y aventurent, le gain peut se révéler énorme - à condition de savoir s'y prendre. Une entrepreneure, un dirigeant d'une société de capital de risque et un avocat offrent leurs conseils pour éviter les mauvaises surprises.

Évaluer ses besoins

En septembre dernier, Minitrade, friperie en ligne pour femmes et enfants, a annoncé un investissement de 880 000$, dont 405 000$ provenant des membres de la société de capital de risque Anges Québec et 205 000$ du fonds Anges Québec Capital. «Au printemps, au cours de notre troisième ronde de financement, nous avions rencontré des représentants d'Anges Québec, mais nous n'étions pas certains d'avoir besoin de capital de risque», raconte Isabelle Doucet, présidente et fondatrice de l'entreprise installée à Boucherville. Une croissance plus rapide que prévu la force à revoir ses plans.

Toutes les PME n'ont pas besoin de capital de risque, ça dépend de leur plan d'affaires et de leur croissance. «Le capital de risque devrait toujours être votre dernière source de financement», met en garde François St-Arnaud, avocat spécialisé en capital de risque. «C'est un outil complémentaire, car après tout, c'est celui qui vous coûtera le plus cher: les "capital-risqueurs" investissent en échange d'une participation dans votre entreprise», rappelle-t-il.

Bien se préparer

«Vous ne serez jamais trop préparé pour rencontrer des "capital-risqueurs"», déclare François St-Arnaud. Il faut avoir tout en main: un plan d'affaires concis, des prévisions financières détaillées, les états financiers des dernières années, etc.

Avoir à ses côtés une personne connaissant le capital de risque est un avantage non négligeable. Isabelle Doucet a pu compter sur les conseils de Mike Cegelski, président et fondateur d'iBwave, membre d'Anges Québec et investisseur de la première heure de Minitrade. Appuyé par d'autres anges financiers, il a porté le dossier de Minitrade à l'attention d'Anges Québec. Une situation peu commune puisque généralement, ce sont les entreprises qui vont frapper à la porte des «capital-risqueurs». À ce sujet, Me St-Arnaud invite les entrepreneurs à faire leurs devoirs: «Renseignez-vous sur la société de capital de risque que vous rencontrerez. Quels sont ses objectifs, sa mission, ses principaux investissements, ses valeurs, etc.? Adaptez votre discours en conséquence.»

Avoir des attentes réalistes et flexibles

La meilleure idée du monde ne convaincra jamais une société de capital de risque de mettre des millions dans une entreprise. Ce n'est pas tant l'idée qui intéresse les «capital-risqueurs» que la personne qui a eu ladite idée. «Notre défi est de trouver de bons entrepreneurs, confirme François Gilbert, PDG d'Anges Québec. Ceux-là sont capables de rendre leur plan d'affaires viable parce qu'ils font preuve d'écoute et d'ouverture. Un mauvais entrepreneur aura beau avoir un plan extraordinaire, il finira par échouer.»

«Les directeurs de portefeuille dans les sociétés de capital de risque seront très exigeants envers les jeunes entrepreneurs qui devront apprendre à faire des concessions, souligne François St-Arnaud. Surtout que tant qu'ils n'ont pas de ventes, la valeur de leur entreprise reste faible.»

Savoir s'entourer des meilleurs

En plus de Mike Cegelski, Isabelle Doucet a pu compter entre autres sur le soutien de Martin Aubut, directeur du commerce électronique et du marketing interactif chez L'Oréal Canada, et de Martin-Luc Archambault, entrepreneur techno bien connu pour être l'un des dragons à Radio-Canada. «On est allés chercher des amis et des connaissances dans le milieu des affaires et du marketing, ajoute Mme Doucet. Le capital humain est très important pour nous: on veut des gens qui peuvent nous amener plus loin.» En 2014, Mitsou s'est jointe à l'équipe en tant qu'actionnaire et ambassadrice.

Un tel entourage a plu à Anges Québec. «Pourquoi Isabelle a-t-elle obtenu notre appui? Parce qu'elle était conseillée par des gens ayant une solide expertise», souligne François Gilbert.

Être persévérant

Minitrade a conclu son accord avec Anges Québec en un mois. «C'est exceptionnel», remarque François St-Arnaud. Les entrepreneurs doivent s'armer de patience. Dans la majorité des cas, obtenir un chèque d'une société de capital de risque, particulièrement les plus grandes comme le Fonds de solidarité FTQ, prendra des mois. «Vous essuierez des refus, ajoute l'avocat. Mais ne vous découragez pas. Même les meilleurs ont eu des ratés au départ. Lorsqu'on vous ferme la porte, profitez de l'occasion pour qu'on vous explique les raisons du refus et apprenez de vos erreurs.»