Avec l'arrivée de jeunes travailleurs branchés et les nombreux départs à la retraite, les recruteurs rivalisent d'imagination pour tirer leur épingle du jeu. Pour certaines PME, c'est une question de survie.

«Nous sommes passés d'un marché favorable à l'employeur à une rareté de la main-d'oeuvre pour plusieurs postes, constate Cybèle Rioux, conseillère en ressources humaines agréée. Les entreprises ont des difficultés croissantes pour attirer et garder leurs travailleurs.»

L'utilisation des outils technologiques dans le recrutement est l'une des tendances lourdes des dernières années. Jeux en ligne, logiciels capables d'analyser des curriculums vitae, tests de personnalité informatisés, géolocalisation, les innovations sont nombreuses. Mais peu de PME peuvent se permettre de les utiliser. Pour séduire la jeune génération, plusieurs dirigeants se tournent donc vers les réseaux sociaux. Ils y publient leurs offres d'emploi et scrutent les profils pour dénicher les employés potentiels les plus prometteurs. «Les meilleurs ne sont pas nécessairement en recherche, note Cybèle Rioux. Ils se fient à leur présence sur les réseaux sociaux pour qu'on les trouve.»

Certaines entreprises diffusent des appels de candidatures sur leur page Facebook. Mais le site qui a la cote auprès des recruteurs est LinkedIn. «Son utilisation est en croissance, constate Cybèle Rioux. Ça fonctionne bien. C'est un outil particulièrement pratique dans certains domaines d'activité comme les technologies de l'information, les ventes, les communications et le marketing.» Pour des emplois moins spécialisés, les sites d'annonces demeurent cependant plus populaires et efficaces.

Les employeurs ont aussi intérêt à soigner leur image (en ligne et en général), même si aucun poste n'est à pourvoir. «Lorsqu'un emploi sera disponible, l'entreprise sera déjà sur le radar des candidats potentiels», souligne Anne Bourhis, professeure titulaire au service de l'enseignement de la gestion des ressources humaines à HEC Montréal.

Garder l'oeil ouvert

Par ailleurs, l'utilisation de chasseurs de têtes pour pourvoir des postes de haut niveau ou très spécialisés est bien connue. Dans le contexte de la rareté de la main-d'oeuvre, leur rôle est encore plus pertinent. Mais les entreprises se tournent de plus en plus vers leurs propres employés pour effectuer ce travail. «On demande à ceux susceptibles de rencontrer des candidats potentiels de s'habituer à leur poser quelques questions», explique Cybèle Rioux. Ainsi, dans un colloque, un directeur peut en profiter pour repérer des gens au profil intéressant pour l'entreprise.

Certains patrons vont même jusqu'à verser une prime à leurs employés pour dénicher la perle rare. «Ce peut être 500$ pour un premier candidat retenu, 2000$ pour un deuxième et 3000$ pour les suivants, illustre François-Bernard Malo, professeur agrégé au département des relations industrielles de l'Université Laval. Ils connaissent le travail et l'organisation, ils sont bien placés pour identifier des employés potentiels. Les gens font aussi attention de bien choisir les personnes qu'ils recommandent. Ils ne veulent pas avoir l'air fou.»

La rareté de la main-d'oeuvre pousse aussi plusieurs entreprises à embaucher un responsable des ressources humaines plus tôt dans leur croissance, constate Cybèle Rioux.