Mariage d'amour, de raison ou célibat en affaires? Avant de dire «oui, je le veux» ou de refuser une association, une réflexion s'impose.

La première chose à faire, c'est d'évaluer ses besoins. «Ai-je les contacts, l'expertise et les ressources pour me lancer seul? questionne Olivier Gagnon-Gordillo, conseiller formateur au démarrage au SAJE. Ai-je besoin de l'aide d'un associé, d'un employé ou d'un sous-traitant?»

D'ailleurs, les entrepreneurs doivent aussi prendre leur personnalité en considération. «Je recommande de faire un test de profil entrepreneurial pour identifier ses forces et ses faiblesses», indique Sonia Godbout, directrice générale du CLD de Longueuil. Le résultat peut influencer la décision de s'associer ou non. Idéalement, les associés potentiels devraient bien se compléter.

Par ailleurs, on peut s'incorporer ou non, qu'on soit seul ou avec des associés. «Plusieurs préfèrent le faire pour éviter que leurs avoirs personnels soient engloutis dans une faillite, constate Olivier Gagnon-Gordillo. Mais on demeure responsable de certaines choses malgré tout. Souvent, les gens mettent leur nom comme garantie pour obtenir un prêt pour l'entreprise. L'incorporation ne protège pas dans ce cas.» D'où l'importance de bien choisir son associé!

Seul, mais entouré

Brad Muncs, président de Symetris, a choisi d'être le seul maître à bord. «Je me suis lancé en 2004 comme travailleur autonome, mon bureau était à la maison», raconte-t-il. Au bout d'un moment, il a songé à s'associer pour alléger sa tâche. Mais il a préféré embaucher des employés et leur en déléguer certaines. «J'avais entendu des histoires de conflits et la crainte des inconvénients l'a emporté sur les avantages.»

Pour l'appuyer, il a un conseiller au SAJE et trois mentors. Il fréquente aussi un groupe d'entrepreneurs. Être bien entouré est toujours important, mais ce l'est encore plus quand on est seul. «Avoir un comité de sages permet d'être soutenu, indique Sonia Godbout. Lorsqu'ils en ont un, les entrepreneurs peuvent rester seuls plus longtemps malgré la croissance. Leur comité leur garantit un bon réseau et une complémentarité d'expertise.»

Jamais sans mon associé

Anne St-Hilaire a fondé en 2011, La tienda, d'ici à Compostelle. Se lancer en affaires seule lui apparaissait impensable. Après des démarches d'association qui n'ont pas abouti, un ami a investi dans son projet. «J'avais besoin d'accompagnement dans la réalisation de mes objectifs et c'est plus facile de travailler en équipe, explique-t-elle. L'investissement en argent était important, mais aussi celui en temps. On se complète bien. Lui est bon avec les chiffres et ma force, c'est plutôt le développement de l'entreprise.»

Son associé et elle ont eu la bonne idée de rédiger une convention d'actionnaires. C'est un indispensable, selon les experts consultés.

Le document détermine notamment le pourcentage d'actions et les dispositions en cas de problèmes (mésentente, décès, etc.). «C'est l'occasion de discuter de sa vision de l'entreprise, de son avenir», ajoute Sonia Godbout. C'est aussi important de délimiter le rôle et les tâches de chacun.

Olivier Gagnon-Gordillo conseille également de jouer cartes sur table avec son associé potentiel. Il suggère de le questionner sur sa situation financière actuelle et passée, sur ses expériences, sa disponibilité, etc. «Il faut prendre son temps, rien ne presse.»

Couples et amitiés sous tension

Fonder une entreprise avec quelqu'un demande de la confiance. Très souvent, on trouve donc son associé dans son entourage immédiat. Mais des couples et des amitiés brisées, Olivier Gagnon-Gordillo en a vu passer quelques-uns dans sa carrière. Les tensions personnelles et professionnelles peuvent se mélanger. La prudence s'impose. Même si la confiance règne, tous les détails doivent être mis au clair par écrit.