Le constat Les grands concurrents américains et européens ont faim. Aux prises avec des baisses d'activité sur leurs marchés intérieurs, ils ont sans doute des surplus de capacité de production qu'ils pourraient mettre à profit en cassant les prix sur le marché canadien.

Finitec doit donc prendre quelques précautions avant de s'endetter pour doubler sa production, prévient Martin Dufour, président-directeur général de Merkur, firme de génie manufacturier établie à Sherbrooke.

Les suggestions

«Il faut d'abord analyser la gamme de produits», recommande Martin Dufour.

Il s'agit de confirmer la rentabilité de chaque produit et la nécessité d'une gamme aussi étendue. «En éliminant si nécessaire certains produits non rentables ou non compétitifs, dit-il, nous générons sans effort plus de capacité de production, plus de flexibilité et plus de rentabilité.»

Mais sans doute Finitec a-t-elle déjà fait cet exercice, ajoute-t-il.

Avant tout investissement dans l'équipement de production, Martin Dufour recommande une analyse de la chaîne de valeur dans le cadre d'un atelier Kaizen, démarche japonaise d'élimination des gaspillages.

«Ce qui est intéressant, avec un atelier Kaizen, c'est qu'il génère un gain de productivité d'au moins 20%», assure-t-il. On obtient déjà une augmentation de la capacité de production à peu de frais, «ce qui donne le temps de faire le projet correctement et d'augmenter quand même les volumes».

Cet exercice permettra notamment d'organiser les produits selon leurs caractéristiques et leur mode de production. Si, par exemple, la cuve actuelle convient davantage à une production à volume élevé, on lui confiera les produits correspondants. On achèterait alors de nouveaux équipements adaptés à la production à faible volume - petits contenants, petites séries, etc.

L'atelier Kaizen peut en outre faire apparaître des solutions inattendues. Un exemple? Martin Dufour pose l'hypothèse que la chaîne d'embouteillage est directement branchée à la cuve de mélange. Quand le dosage et le mélange sont terminés, cette cuve n'est plus qu'un réservoir, qui se vide lentement à mesure que le remplissage des bouteilles se complète. «Avec un Kaizen, décrit-il, on détecterait cette situation et on se demanderait s'il serait possible d'ajouter un réservoir d'embouteillage, indépendant de la cuve de mélange.»

Rapidement vidangée dans le réservoir, la cuve de mélange pourrait se consacrer entièrement à sa tâche première: le mélange. Peut-être doublerait-on ainsi sa capacité de production. «Si je double ma capacité, je n'ai plus besoin de nouvelle cuve, observe Martin Dufour. Donc je n'investis pas.»

Par ailleurs, cette approche permettrait de conserver les produits dans de grands réservoirs plutôt qu'en bouteilles entreposées en attendant les commandes. Les produits ne seraient embouteillés et étiquetés qu'en réponse aux commandes, et aussitôt expédiés.

L'entreprise restreindrait ainsi son stock de produits en bouteille, et par conséquent ses besoins en espace d'entreposage. «Ce Kaizen vient peut-être de m'éviter d'acheter une nouvelle cuve et d'agrandir l'usine, tout en atteignant l'objectif de doubler mon volume», résume Martin Dufour.

Les précautions

«Il ne faut pas tomber dans le piège de vouloir tout faire», avise Martin Dufour. Peut-être serait-il plus rentable de faire fabriquer certains produits secondaires par des partenaires - c'est déjà le cas des panneaux acoustiques.

Enfin, s'il s'avère nécessaire d'acheter de nouveaux équipements de production, il faut savoir précisément quels sont les besoins, sinon la tentation et la pression sont fortes d'ajouter de coûteuses options non essentielles. C'est encore un avantage de l'atelier Kaizen que d'aider à les cerner.

Un peu d'histoire

Finitec Canada a été fondée en 1993 par le père de Marc Rioux, Raynald. Il importe alors des vernis à base d'eau, fraîchement arrivés sur le marché. Deux ans plus tard, il se lance dans la fabrication de ses propres vernis, puis y ajoute des produits de nettoyage et de restauration de parquet.

En 2000, l'entreprise ouvre un laboratoire et lance un nouveau système de finition de parquet.

La même année, un partenariat d'affaires permet d'ajouter à sa gamme des membranes acoustiques pour plancher, avec les adhésifs appariés.

En 2010, Finitec introduit des grilles de ventilation en bois, ce qui élargit sa gamme d'accessoires de planchers. «C'est notre créneau», résume Marc Rioux.

L'entreprise distribue elle-même ses produits au Québec et en Ontario, et fait affaire avec des distributeurs dans le reste du pays et aux États-Unis.

Sur ces marchés, Finitec se mesure à des géants - les Sico, Minwax et autres RPM (Varathane).

Avec une fraction de leurs moyens, elle conçoit ses propres produits dans ses deux laboratoires, situés à Saint-Hyacinthe et à Québec.

L'entreprise a connu 19 années consécutives de croissance, rarement spectaculaire, mais bien maîtrisée. Le chiffre d'affaires se situe entre 5 et 10 millions - Marc Rioux ne veut pas être plus précis.

«Les nouvelles lois favorisent les produits plus environnementaux comme les nôtres, ce qui fait que notre volume de vente augmente continuellement, indique-t-il. Il faut maintenant s'assurer que la production va suivre.»