Un an ou deux après sa création, l'entreprise a établi sa position sur son marché. L'entrepreneur doit passer à une gestion plus structurée pour pérenniser les résultats.

Prendre du recul

«Quand on rencontre l'entrepreneur, on le sort de son contexte quotidien. On va prendre un petit déjeuner ensemble. Pendant 1h30, on pose des questions anodines qui le font réfléchir», explique Michel Auger, président du Conseil régional du mentorat de Montréal. Le mentorat permet à l'entrepreneur d'améliorer son sens critique sur ses décisions passées... et d'envisager l'avenir dans une perspective plus large. «L'entreprise peut mourir d'une croissance mal gérée.»

Suivre une formation en vente

«Au bout d'un an d'existence, c'est en vente que le bât blesse», observe Tracey Powers, directrice de la formation au SAJE. «La vente, c'est ce qui vous apporte les revenus. La clientèle ne vient pas toute seule. Allez chercher des formations ou du coaching.»

Oser embaucher

«L'embauche de personnel représente un coût important. Mais cela peut rapporter davantage que ce qu'on en attend», assure Jérôme Matas, conseiller, service aux entreprises, au Centre local de développement (CLD) Montréal-Nord. Une adjointe administrative peut effectuer du suivi de clientèle, en plus de ses tâches courantes, illustre-t-il.

Investir son argent

Les partenaires financiers sont toujours rassurés de voir l'entrepreneur contribuer aux investissements. «On aime qu'il mette un apport personnel de 20%», suggère Jérôme Matas. «Cela montre quels risques il est prêt à assumer personnellement pour son entreprise.»

S'entourer de professionnels

«Il est plus facile d'emprunter 20 000$ pour acheter une automobile que pour investir dans une entreprise. Mieux vaut avoir un bon comptable pour préparer son dossier», prévient Daniel Luquette, mentor pour la Fondation canadienne des jeunes entrepreneurs (FCJE). Une fois l'entreprise sur les rails, il faut faire appel à des professionnels expérimentés, plutôt que se fier à «la bonne volonté d'un beau-frère qui s'y connaît un peu en fiscalité».

Donner priorité à la gestion des ressources humaines

«Une personne sur dix est capable d'aller chercher le maximum de son personnel», soutient Daniel Luquette. Gérer ses employés, ce n'est pas seulement payer un salaire. C'est aussi les motiver, les garder, être capable de les mettre à contribution dans les objectifs de l'entreprise. «En tant qu'entrepreneur, on tire souvent la charrette. Quand les employés sont impliqués, on est assis sur la charrette, mais on leur laisse le contrôle», explique M. Luquette.

Inverser la dépendance au client

«Rendez le client dépendant de vous», recommande Josée St-Pierre, directrice du laboratoire de recherche sur la performance des entreprises de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Le produit ne doit pas pouvoir être distingué de l'entreprise. C'est le cas d'Apple et de ses iPhone. «Proposez quelque chose de très particulier: un service après-vente, un service d'installation, ajoute Mme St-Pierre. Impliquez le client dans l'élaboration du produit.»

Innover, innover, innover

«C'est l'innovation qui assure la survie», martèle Josée St-Pierre. Mais ne vous limitez pas à l'innovation de produit. «On peut prendre de l'expansion avec le même produit, simplement en changeant le procédé de fabrication, en le distribuant différemment sur le marché, en le vendant autrement, en lui donnant une valeur ajoutée...»

Ne pas sous-estimer le financement

«Les entrepreneurs sont souvent des machines à idées, mais ils ne disposent pas du financement suffisant pour soutenir tous leurs projets, constate Michel Auger. C'est de plus en plus difficile d'avoir le soutien des banquiers. Il faut trouver du financement privé, mais aussi gouvernemental. Soyez aussi créatif pour votre structure financière que pour vos produits.»

Révolution tranquille

L'entrepreneur québécois ne doit pas avoir peur de créer de la richesse. «Au Québec, nous avons des générations de retard en matière d'entrepreneuriat par rapport au reste du Canada. Nous avons été longtemps restreints par la religion. Le clergé était très, très dur envers les entrepreneurs. C'était mal vu. On part de loin», rappelle Michel Auger. «Créez de la richesse! Ça crée des emplois, et ça donne de la confiance à l'économie», ajoute-t-il.