On a souvent opposé productivité et développement durable. Une opposition souvent injuste, d'après Marie-France Turcotte, directrice du Bureau francophone du Réseau entreprise et développement durable. Dès jeudi, l'organisme tiendra, avec l'ESG UQAM, le colloque international PME en marche vers le développement durable.

JAS Filtration, une entreprise de Saint-Hubert spécialisée dans la fabrication et la distribution de systèmes de filtration d'air, a revu ses processus de fabrication pour éviter le gaspillage.

«C'est meilleur pour l'environnement, mais aussi pour les profits de l'entreprise», affirme Yvon Léveillé, président de JAS Filtration et participant au colloque qui accueillera près de 300 universitaires et gestionnaires d'entreprise.

Marie-France Turcotte, aussi professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l'ESG UQAM, croit que les entreprises gagnent à remettre en question leurs processus.

«Elles doivent se demander comment elles peuvent faire mieux pour l'entreprise, pour la société et pour l'environnement. Il n'y a pas de recettes toutes faites. Il faut analyser ses processus et voir comment on peut faire plus avec moins», affirme-t-elle.

Yvon Léveillé remarque aussi que certains virages verts peuvent séduire de nouvelles clientèles. «Par exemple, chez nous, les systèmes de filtration moins énergivores intéressent la clientèle des immeubles LEED», explique-t-il.

Un processus d'amélioration continue

Comment se lancer dans un processus de développement durable? Marie-France Turcotte croit que les entreprises doivent y aller petit à petit.

«Comment fait-on pour manger un éléphant? On le mange une bouchée à la fois, affirme-t-elle. C'est la même chose pour le développement durable qui est un processus d'amélioration continue. Toutefois, cela ne signifie pas qu'il n'y aura pas de choix difficiles à faire à un moment donné.»

Elle suggère aux entreprises de commencer par mettre en place un comité de développement durable.

«L'idéal, c'est que le comité soit capable d'intervenir dans différentes sphères de l'entreprise, puisque les enjeux du développement durable sont transversaux. Le comité pourra identifier les actions à prendre, les plus faciles, comme les plus difficiles. Il faut ensuite établir ses priorités et mettre en place un processus sur plusieurs années pour arriver à réaliser les actions les plus difficiles», affirme Mme Turcotte.

Par exemple, après avoir éliminé le gaspillage, JAS Filtration a décidé de s'attaquer aux rejets de production. «Avant, on considérait les rejets comme des déchets, indique M. Léveillé. Ça allait automatiquement à la poubelle. Maintenant, on cherche des partenaires pour acheter ces rejets.»

Un projet à la fois

Malgré une bonne volonté, les entreprises ne peuvent toutefois pas aller de l'avant avec toutes leurs idées de développement durable.

«Par exemple, nous avons voulu commencer à récupérer les filtres chez nos clients pour les nettoyer et les revendre. Finalement, nous avons réalisé que ce serait très coûteux et que nous n'aurions aucun preneur pour ces filtres récupérés puisque les clients auraient peur de la contamination», affirme M. Léveillé. Il a donc dû laisser tomber le projet.

«Pour chaque initiative de développement durable, il faut s'assurer que l'entreprise demeurera concurrentielle, précise M. Léveillé. Parce que si une entreprise n'est plus profitable, elle fermera ses portes et des gens perdront leur emploi. Ce n'est pas ce qu'on appelle une entreprise durable! Il faut faire du développement durable, mais autant que possible.»