Un sondage révèle qu'une majorité d'entrepreneurs ont investi lors de la dernière récession. Le ralentissement économique peut pousser des entrepreneurs à la prudence, mais ce serait pourtant un bon moment pour innover.

Quand une entreprise tourne à plein régime, toutes les ressources sont sollicitées pour répondre à la demande.

«Lorsque la cadence diminue, cela dégage du temps pour investir dans les produits de l'avenir», soutient Michel Bergeron, vice-président relations d'entreprise à la Banque de développement du Canada (BDC).

Et ils auraient été nombreux à le faire lors de la dernière récession.

Selon un sondage réalisé l'an dernier auprès de 830 propriétaires d'entreprise pour la BDC, 67% en ont profité pour acheter de la machinerie, 40% ont développé des produits ou services et 40% ont intégré de nouvelles technologies.

L'innovation est une priorité pour 74% des entrepreneurs. Toutefois, moins d'un sur dix a mis en place une stratégie formelle en ce sens.

«Une stratégie formelle peut être un bon outil, mais pour un propriétaire de PME, est-ce que c'est vraiment nécessaire? Je ne pense pas», croit Martine Hébert, porte-parole de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI).

Manque de fonds

Quand vient le temps d'innover, ce n'est pas le manque d'idées, mais de fonds, qui pose le plus souvent problème.

Plus de la moitié des entrepreneurs l'identifient comme l'un des principaux obstacles et les PME sont les plus touchées. «Certains mécanismes, comme le crédit d'impôt à la recherche et au développement, ne sont pas accessibles aux plus petites entreprises. Il faut un doctorat en paperasserie gouvernementale pour être capable de remplir les documents et d'obtenir le crédit d'impôt», déplore Mme Hébert.

Environ 80% de ses membres n'ont reçu ni subvention ni crédit d'impôt, selon elle. Parfois, la démarche est tout simplement plus coûteuse que ce qu'elle rapporte.

Elle plaide donc en faveur d'une réduction du nombre de programmes d'aide et d'un allègement fiscal pour l'ensemble des entreprises.

Car si une majorité de PME s'est bien sortie de la dernière récession, il n'en reste pas moins que le baromètre des affaires de la FCEI affichait une légère augmentation du pessimisme en septembre chez les entrepreneurs québécois et ontariens.

Cela dit, il est fort possible d'innover sans y laisser sa chemise. Innovation ne rime pas nécessairement avec développement de produits, fait remarquer la BDC.

Il s'agit simplement de la mise en oeuvre de quelque chose de nouveau. Cela peut toucher la structure de l'entreprise, les produits et services offerts, la conception, la production, la mise en marché et la livraison.

«Si l'entrepreneur a une volonté de se démarquer, il va trouver une façon d'innover. Il va être à l'écoute des besoins de ses clients pour identifier de nouvelles occasions et consulter ses employés», indique M. Bergeron.

Technologies de l'information

L'utilisation de technologies de l'information déjà existantes, par exemple, est une bonne façon de se démarquer tout en étant beaucoup moins coûteuse que le développement de nouveaux outils.

M. Bergeron cite en exemple Martell Home Builders, une entreprise de construction de maisons neuves du Nouveau-Brunswick. Elle s'est démarquée de ses concurrents en mettant sur une plateforme collaborative en temps réel tous les aspects des travaux et la documentation permettant aux intéressés - clients, avocats, prêteurs, fournisseurs et corps de métier spécialisés - d'avoir accès en tout temps à la même information.

Tous les outils existaient déjà, l'entreprise n'a fait que les réunir pour éliminer les retards et les dépassements de coûts.

Pour un nombre grandissant d'entreprises, l'innovation est la clé qui leur permettra de survivre dans un milieu où la concurrence est de plus en plus vive et vient parfois de l'autre bout de la planète.

Se réinventer

«Récemment, j'ai assisté à une présentation où une entreprise expliquait qu'elle avait fait développer un nouveau logo par une entreprise en Inde.

Elle est allée sur un site internet, a payé 327$ puis a reçu 37 propositions, raconte M. Bergeron. Le graphisme est un secteur traditionnel que l'on croyait isolé de la concurrence étrangère, mais à long terme, il va être affecté au Canada.»

Pour tirer leur épingle du jeu, ces entreprises n'auront d'autres choix que de se réinventer.