Ce ne sont pas les projets d'innovation qui manquent dans les PME. En fait, le défi est davantage d'en faire le tri et de mener à terme ceux qui en valent la peine.

«Les gens ne voient plus clair, observe Guy Belletête, directeur général de l'Institut de développement de produits. Ils ne peuvent pas prendre du recul pour voir lesquels sont plus importants que les autres.»

Les ressources de recherche et développement des PME, souvent très minces, sont consacrées en priorité à la résolution des problèmes de production ou d'amélioration à court terme. Les projets d'innovation à plus long terme sont placés sur la voie de garage. Pourtant, quand le développement d'un produit s'étend sur deux ans, le long terme commence aujourd'hui.

Comment distinguer les projets d'innovation essentiels? «Il faut mettre des règles en place et s'assurer que les projets correspondent à la stratégie de l'entreprise, avise Guy Belletête. Cette gestion de l'innovation est capitale.»

Un système de gestion

Il y a deux aspects au problème. S'attaquer aux bons projets d'abord. Et bien réaliser ceux-ci ensuite.

Pour séparer l'ivraie du bon grain et bien moudre celui-ci, les entreprises innovantes mettent souvent en place un système de gestion de l'innovation.

Le prototype est le système de type Stage-Gate - la marque est déposée! -, un processus de création divisé en cinq étapes séparées par des portes décisionnelles. À chacune, une grille de critères détermine si le projet mérite d'être poursuivi ou non.

Tous ne sont pas d'accord sur l'efficacité de telles méthodes. «Paradoxalement, plus les entreprises les mettent en place, moins elles sont innovantes, soutient Dominic Deneault, associé chez TREBORA Conseil. Le processus procure finalement moins d'innovations, mais plus de fiabilité dans les produits.»

Les mesures et contrôles d'un système de gestion ne doivent pas être si contraignants qu'ils briment le potentiel d'innovation des employés, avise-t-il.

Un tel système ne limite pas nécessairement la créativité, observe pour sa part Guy Belletête. «Le problème n'est pas dans le système, mais dans sa compréhension, dit-il. On y met des barrières tellement rigides qu'on protège le système lui-même, alors qu'on cherche en fait un cadre de travail.»

En somme, il faut faire la distinction entre structure et carcan. «C'est un cadre suffisamment clair qui va favoriser la créativité, soutient-il. Je vois des gens tellement mêlés en entreprise! Séparément, ils sont très créatifs, mais ils n'arrivent pas à l'être ensemble.»

Le réseau est un élément-clé dans l'organisation de l'innovation, estime Josée St-Pierre, professeur titulaire au département des sciences de la gestion de l'UQTR et spécialiste en gestion de l'innovation dans les PME.

«Toutes les entreprises innovantes se sont réseautées, sans exception», assure-t-elle.

Ce réseau permet de dénicher des ressources, de partager des risques, de recueillir informations et idées.

Associations sectorielles, chambres de commerce, groupements de chefs d'entreprises, centres techniques universitaires ou collégiaux...

«Ces ressources sont souvent peu utilisées parce qu'elles sont méconnues», insiste Josée St-Pierre.

C'est précisément ce qu'a fait le Cirque du Soleil, rappelle André Desrosiers, professeur à l'École de design de l'UQAM. «Ils ont mis en place un réseau avec des universités partout dans le monde, pour solliciter ces grands bassins créatifs, dit-il. Ensuite, ça entre dans la machine interne, qui évalue et qui développe.»

Josée St-Pierre suggère enfin un diagnostic de la gestion de l'innovation dans l'entreprise, posé par des spécialistes. On découvrira ainsi où se trouvent les carences, les scléroses, les ruptures de communication. Elle donne un exemple: une entreprise envoie un représentant à une foire commerciale à l'étranger, mais l'information qu'il ramène n'est pas diffusée dans l'entreprise.

De l'argent et des idées perdus.

LES CINQ MEILLEURES PRATIQUES POUR GÉRER L'INNOVATION

1 Bien comprendre les besoins du client. La démarche de conception doit s'articuler autour de la satisfaction de ses besoins véritables.

2 Bien gérer le projet. La gestion doit prendre en compte les neufs paramètres du développement de produit: coûts, communications, contenu, qualité, risques, temps, ressources humaines, approvisionnement et gestion de l'intégration.

3 Travailler en équipe multifonctionnelle. L'équipe de développement doit inclure des représentants des différentes fonctions de l'entreprise.

4 Encadrer l'innovation par un processus de développement de produit.

5 Gérer le portefeuille de projets. Quels produits faut-il développer, quelle priorité et quelles ressources faut-il leur accorder?

Source: Institut du développement de produits