Dans le contexte actuel d'incertitude économique, l'entreprise doit plus que jamais prouver sa valeur pour accéder aux financements externes.

L'entreprise peut rester bloquée aux portes d'un marché très prometteur, faute de pouvoir payer les salaires et le développement du produit. «Quand on veut faire financer des actifs intangibles, il faut être capable de convaincre un interlocuteur que ces actifs ont de la valeur», souligne Jacques Sarremejeanne, directeur du Département des sciences comptables de l'UQAM.

Le défi est de taille pour les entreprises qui n'ont pas d'actif matériel, et parfois pas encore de revenus.

L'entreprise doit commencer par évaluer son potentiel de croissance. «L'entrepreneur doit faire un effort d'objectivité pour se demander: qu'est-ce que mon entreprise apporte au marché, qui fait qu'elle a un potentiel de croissance internationale?», conseille Robert Hodge, associé chez RSM Richter Chamberland.

Le plan d'affaires doit démontrer une stratégie claire, avec des prévisions financières réalistes. Si tel est le cas, «l'entreprise va se retrouver devant l'embarras du choix. Tout le monde va être intéressé à la financer», affirme M. Hodge.

Capital de risque

Les firmes de capital de risque s'intéressent de près aux entreprises prometteuses, à condition qu'elles puissent espérer des rendements exceptionnels. Les dirigeants de ces pépites doivent alors convaincre les investisseurs d'acquérir une partie du capital, généralement entre 20 et 30% des actions.

«Il faut avoir quelque chose de spécial à leur dire», préconise Shahir Guindi, coprésident de Réseau Capital, l'Association québécoise du capital de risque, et associé en droit des sociétés chez Osler.

«Présentez une technologie révolutionnaire ou une croissance extraordinaire de vos ventes, suggère M.Guindi. La firme de capital de risque doit dire: «Wow! Je n'ai jamais vu ça!»»

Financement subordonné

À mi-chemin entre le prêt traditionnel et le capital de risque, des institutions financières proposent un financement subordonné.

Destiné à financer des investissements intangibles, ce prêt n'inclut pas de participation au capital de l'entreprise.

«Le montant doit être remboursé, comme pour un prêt traditionnel. Mais les paiements varient en fonction de la capacité de l'entreprise», explique Danielle Landry, vice-présidente Financement subordonné à la Banque de Développement du Canada (BDC).

Toutefois, l'entreprise reverse une partie de ses profits annuels. Elle peut même être dispensée de payer des intérêts, si le prêteur est assez confiant dans la valeur future de l'entreprise. Cependant, celle-ci doit préserver des liquidités pour rembourser le prêt à son échéance.

Fonds

En plus de ces sources de financement, une cinquantaine de fonds sont prêts à apporter des moyens aux entreprises québécoises, rappelle Jacques Dupuis, conseiller en financement et au suivi des entreprises au CLD de Longueuil.

L'entreprise devrait contacter son association professionnelle, son banquier, sa firme comptable ou d'avocats, qui connaissent certainement un fonds spécialisé ou des anges financiers prêts à participer au montage financier.

Quant à l'introduction en bourse, mieux vaut l'oublier pour un bon moment. «La volatilité des marchés prévaut depuis la crise de 2008», estime Robert Hodge.

Cette incertitude effraie les épargnants et les investisseurs, qui fuient les marchés d'actions, souligne-t-il, en précisant que les prochaines introductions pourraient attendre deux ans.

L'opinion d'Alain Bouchard

Tu vas à la Bourse quand tu as besoin de capitaux et que tu ne peux pas trouver associé capable d'investir. Tu veux grandir vite et tu ne peux pas le faire seulement avec la dette. J'ai appris ça il y a longtemps : l'équilibre dans un bilan est très important. Les entrepreneurs ne sont pas assez prudents à l'égard de la dette. Attention aux niveaux de dettes trop élevés. Ça peut tuer une entreprise en un rien de temps : ce n'est pas toi qui contrôles !

Il ne manque pas d'argent présentement pour les bonnes entreprises avec un bon marché et une bonne feuille de route. S'il y a un besoin en capitaux additionnels, l'entrepreneur ne doit pas hésiter à partager la propriété de son entreprise pour croitre. Comme le dit la croyance populaire, qui se confirme toujours, il est souvent préférable de posséder une plus petite part d'une tarte plus grosse, d'autant plus que les partenaires n'amènent pas seulement des fonds, ils aident souvent à la gestion, surtout s'ils sont actionnaires actifs. »

Il y a beaucoup d'argent dans les mains personnelles, beaucoup plus que jamais au Québec. Les baby-boomers arrivent et ils sont capables d'investir. C'est une source qui n'existait pas auparavant.

 

Photo Olivier Pontbriand, collaboration spéciale