Vous avez une idée de génie pour un nouveau produit, mais pas assez d'argent pour en financer le développement? Vous pourriez alors soutenir votre innovation par le sociofinancement. Voici comment vous y prendre pour éviter que votre campagne ne se transforme en pétard mouillé.

SE PRÉPARER POUR LE JOUR J

Pour un départ canon, il faut de la préparation, indique le cofondateur de la montréalaise Revols, Daniel Blumer. En janvier dernier, la campagne qu'il a lancée sur Kickstarter pour créer des écouteurs a amassé 2,5 millions de dollars en deux mois, un record au Canada. Il avait demandé 100 000 $.

SON SECRET ?

« Trois mois de préparation, dit-il. Bonne vidéo, bonne présentation. On juge souvent un livre à sa couverture. » Il faut partir en force parce que le projet sera alors promu sur la page d'accueil, ce qui déclenchera un effet boule de neige.

VENDRE LE PROJET

Il faut expliquer son projet et le mettre en valeur, explique Thomas Duperré, qui a cofondé en 2011 la première plateforme québécoise de sociofinancement, Haricot.ca. « Les gens tombent encore souvent dans le piège : ils pensent que tout le monde trouvera leur idée fantastique. Vaut mieux tenir pour acquis que le public n'en a rien à faire ! », dit-il. Selon M. Duperré, il faut donc se mettre à la place des gens et se demander comment ils recevront notre idée. « L'idéal, c'est de tester notre campagne sur notre entourage. »

ENTRETENIR LA RELATION

Les gens qui financent votre projet veulent connaître votre histoire et en faire partie, explique Daniel Blumer, de Revols. « Vous avez une grande responsabilité envers eux. Il faut donc être transparent. Si vous rencontrez des difficultés, il faut l'expliquer », dit-il. Et si votre projet est innovateur, les difficultés se présenteront sans doute rapidement. Il faut aussi expliquer où en est le projet, raconter qui a rencontré l'entreprise et présenter les gens qui se sont joints à vous. Daniel Blumer, lui, répond aux questions de ses alliés - les backers - deux ou trois fois par semaine.

RÉCOMPENSES

Pour inciter les gens à soutenir votre projet, il faut des récompenses alléchantes. « Elles doivent être uniques et exclusives à la campagne », explique Thomas Duperré, de Haricot.ca. Un exemple. En 2013, le Théâtre [acàc] de Mascouche avait besoin d'équipements d'éclairage. L'entreprise a donc lancé une campagne de sociofinancement. Si quelqu'un offrait un soutien de 500 $ ou plus, on l'invitait à être comédien lors d'un spectacle. « Steve Jobs, lui, avait gravé les signatures de son équipe dans le boîtier du premier Macintosh, dit Thomas Duperré. Une telle récompense pour un produit innovateur sociofinancé serait incroyable. »

FIXER LA SOMME

Vaut-il mieux demander un pied pour obtenir un pouce, ou demander exactement la somme dont on estime avoir besoin ? « On doit demander la somme minimum qui nous permettra de financer le projet et les récompenses », suggère le cofondateur de Haricot.ca, Thomas Duperré, qui a aussi lancé le site sociofinancement.com pour conseiller ceux qui désirent lancer une campagne. Selon lui, un projet est toujours plus populaire lorsqu'il dépasse les attentes. « De toute façon, les projets qui atteignent leur objectif amassent en moyenne de 15 à 25 % plus d'argent que ce qu'ils demandaient. »

8677

Nombre de projets de sociofinancement proposés au Canada en 2015.

Source : The Crowdfunding Center

Photo André Pichette, archives La Presse

Daniel Blumer (à droite), cofondateur de la montréalaise Revols