Au départ, ça ne se voulait qu'un projet à échelle humaine, capable de faire vivre deux entrepreneurs. Cinq ans plus tard, Anhydra emploie neuf travailleurs et fournit de grands acteurs de l'industrie alimentaire. Histoire d'un duo qui n'avait pour ambition que de vendre de petites collations de fruits séchés.

Tout commence par une banale discussion à l'heure du midi entre deux collègues qui travaillent dans une entreprise du secteur agroalimentaire.

Marie-Eve Gaudet, cofondatrice d'Anhydra, testait depuis quelques jours un déshydrateur, un appareil qui extirpe l'eau des aliments pour leur permettre d'être conservés plus longtemps. Elle raconte son expérience à Martin Gibeault, et celui-ci décide de s'en procurer un aussi. Et bientôt naît une idée d'entreprise.

« En visitant des foires spécialisées aux États-Unis, j'ai remarqué qu'il y avait là-bas un engouement pour les fruits séchés biologiques, explique le cofondateur de cette entreprise de Drummondville. On s'est dit qu'on pourrait offrir ici une solution de rechange aux fruits séchés offerts comme collation qui sont remplis de sucre et d'agents de conservation. »

L'aventure s'enclenche officiellement en juin 2012.

Louant un petit espace de travail, le duo se met à l'oeuvre. Marie-Eve Gaudet se charge de la production. Martin Gibeault, lui, ratisse différents points de vente au Québec pour y livrer ses sachets de pommes séchées biologiques.

« Au départ, c'était très artisanal, se souvient ce dernier. Notre idée, c'était de commencer par vendre des collations pour faire connaître la marque et générer des revenus, puis éventuellement vendre aux entreprises qui cherchent ce genre d'ingrédient. »

Mais bientôt, un premier problème se présente : les affaires vont bien. Trop bien même. Le père de Marie-Eve vient même les épauler. « On avait de la misère à fournir », se souvient Martin Gibeault qui avait déjà délégué sa tâche à un distributeur pour s'investir lui aussi en production.

« On s'est vite rendu compte qu'on allait bientôt ne plus être capables de suivre en gardant cette taille-là. Il fallait soit arrêter, soit acheter de l'équipement, déménager dans un plus grand local et produire de plus gros volumes. » - Martin Gibeault

DÉFI CROISSANCE

Souhaitant poursuivre l'aventure, le duo prend le pari de la croissance. Il trouve son financement, aidé, par la Société de développement économique de Drummondville (SDED), puis dessine les plans de ses prochaines installations.

Anhydra emménage finalement dans ses nouveaux locaux à l'été 2014. Son équipe apprivoise alors des outils qu'il fallait roder. « On a continué à fonctionner de façon artisanale pendant six mois, raconte M. Gibeault. Il y avait des bris et des ajustements à effectuer. »

Au début 2015, tout roule finalement. La production en vient même à être trop imposante. « Le problème qu'on avait s'est "inversé", explique l'entrepreneur. Notre distributeur ne pouvait plus tout acheter. »

Anhydra a tout de même prévu le coup, et se tourne vers les entreprises de transformation alimentaire pour écouler ses stocks. Bientôt, cette option de rechange deviendra même son marché le plus important.

« On travaille entre autres avec des brasseurs, indique M. Gibeault. C'est vraiment le fun de voir qu'on est rendus là. »

L'entreprise tente aussi de se positionner comme intermédiaire dans l'industrie, offrant notamment à des producteurs une option de rechange pour écouler leurs produits.

« On a par exemple un producteur de tomates qui nous a demandé de les déshydrater de façon à ce qu'il puisse les vendre plus tard dans l'année. »

En regardant dans le rétroviseur, l'entrepreneur avoue qu'il n'aurait jamais pensé en arriver là où il est aujourd'hui et ne regrette aucune des décisions prises jusqu'ici.

Anhydra en bref

Cofondateurs : Marie-Eve Gaudet et Martin Gibeault

Nombre d'employés : 9

Année de fondation : 2012