Au départ, ça ne devait être qu'un passe-temps. Aujourd'hui, c'est son gagne-pain. Manuel Gosselin, fondateur d'Indigo Super Tech, a même conçu de nouveaux instruments pour récolter la camerise. Et il en vend jusqu'en Europe !

L'histoire débute en 2011. Manuel Gosselin et sa conjointe se dotent d'un coin de terre à Sainte-Cécile-de-Milton, en Montérégie.

Là s'étend un vieux verger, mais plus pour longtemps.

Fils d'un producteur de petits fruits, Manuel Gosselin souhaite plutôt renouer avec la culture de ceux-ci. Après avoir envisagé le bleuet et la framboise, il se tourne finalement vers un petit fruit à mi-chemin entre les deux, la camerise.

« Sur papier, c'était super intéressant, raconte-t-il. C'est un petit fruit relativement nouveau ici, et l'arbuste qui le produit a peu de maladies. »

Avant même de goûter sa première camerise, Manuel Gosselin répartit sur sa terre 2000 plants de chèvrefeuille, l'arbuste qui produit le petit fruit.

« Mon but, c'était de faire un petit truc récréotouristique d'autocueillette. Mais deux ans plus tard, quand j'y ai finalement goûté, je me suis dit : "Eh, tabarouette ! On a quelque chose là !" » - Manuel Gosselin

L'ingénieur de formation décide alors de devenir un producteur important. Chaque année, il ajoute des milliers de plants à sa production. Il en compte aujourd'hui 12 000, répartis sur près de 5 hectares.

Il y consacrera tout son temps à partir de mai 2015, quelques mois avant de fonder officiellement Indigo Super Tech.

CRÉER DES OUTILS

Mais la cueillette du petit fruit n'est pas simple. Certains producteurs se rabattent sur des instruments servant à la cueillette du bleuet pour y arriver.

Manuel Gosselin, lui, a plutôt créé ses propres outils : d'abord, une aide-récolteuse, adaptée aux dimensions d'un champ de chèvrefeuilles, puis une effeuilleuse, qui sépare les fruits des débris.

« Je voulais avant tout trouver des solutions pour moi-même, dit-il, mais je me suis aussi dit que ça pourrait intéresser d'autres producteurs. J'ai refait le design pour rendre le tout plus léger, et j'ai commencé à en parler l'an dernier. Lorsque j'ai fait mon site web, c'est là que l'intérêt a explosé. »

Comme la camerise ne se récolte qu'une fois l'an, le fondateur d'Indigo loue ses instruments à certains des producteurs de la région, mais en trouve aussi d'autres pour les acheter. Il en a déjà vendu 25 exemplaires cette année, et s'attend à atteindre la trentaine facilement.

« Mon but, c'est de vendre ces machines-là pour augmenter les volumes globaux des producteurs », explique-t-il.

Car, en plus d'être producteur, Indigo est aussi distributeur de camerises. L'entreprise rachète les surplus des producteurs pour les vendre à des entreprises de transformation alimentaire.

Manuel Gosselin aimerait maintenant que son petit fruit se fasse une place aux côtés du bleuet et de la framboise.

« Ce qui va aider beaucoup à la popularité de la camerise, c'est l'augmentation de la productivité au champ, ajoute-t-il. Plus la production sera efficace, meilleurs seront les rendements, et plus bas seront les prix. »

Pour l'instant, admet-il, cela demeure une production de niche. « Mais le jour où de grandes entreprises vont s'y intéresser, tout va changer », ajoute le fondateur d'Indigo Super Tech.

Pour l'instant, il trouve le temps de s'occuper sans regretter sa décision de se lancer en affaires. « Je m'ennuie de la paye, mais au moins, j'ai une belle qualité de vie », dit-il.

INDIGO SUPER TECH EN BREF

Fondateur : Manuel Gosselin

Année de fondation : 2015

Nombre d'employés : 1

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Manuel Gosselin a créé ses propres outils  afin de récolter la camerise, dont une aide-récolteuse, adaptée aux dimensions d'un champ de chèvrefeuilles, puis une effeuilleuse, qui sépare les fruits des débris.