Lexop a conçu un outil informatique qui transforme le courriel en « courrier recommandé », d'une certaine façon. Son président et fondateur, Amir Tajkarimi, explique comment son application est en voie de chasser les télécopieurs des cabinets d'avocats.

Transformer le courriel en outil juridique. Voilà la mission que se sont donnée Amir Tajkarimi et son entreprise Lexop.

L'avocat et entrepreneur de 30 ans pilote Lexop, une entreprise qui introduit depuis un an un peu plus de « numérique » dans le système de justice canadien.

« On a développé une application qui permet d'envoyer des documents et des courriels de façon officielle, explique-t-il. La preuve est juridiquement valide. »

L'affirmation a de quoi surprendre celui qui n'est pas familiarisé avec le processus juridique. Bien qu'on soit en 2016 et que le courriel ait remplacé la poste dans bien des aspects de nos vies, il n'a pas encore su faire sa place pour ce qui est de l'échange de documents qui conserveraient leur valeur juridique.

Les cabinets d'avocats s'en remettent actuellement au bon vieux télécopieur ou même aux huissiers pour s'acquitter de cette tâche. Grâce à son outil, auquel on accède par une interface Web ou par un compte Outlook, Lexop propose de faire le même travail par courriel, pour 5 $.

L'entreprise montréalaise a reçu un coup de pouce de la loi à cet effet. Depuis le 1er janvier dernier, des documents conservent leur valeur juridique s'ils sont échangés de façon électronique « en respectant certaines règles », explique Amir Tajkarimi. L'outil de Lexop permet d'appliquer toutes ces règles et donc d'utiliser le courriel comme média de transmission de documents, ajoute-t-il.

Le fondateur de Lexop a même la décision d'un juge pour appuyer cette affirmation. L'été dernier, un propriétaire immobilier québécois est allé devant la Régie du logement en proposant en preuve des notifications transmises par l'intermédiaire de la plateforme de Lexop.

« J'ai dû aller témoigner pour expliquer Lexop, puis la décision est sortie le 2 août, explique son président. À partir de ce moment-là, on a eu un tsunami de demandes d'information. »

C'est par hasard que Lexop a découvert que son outil répondait à un besoin criant dans le secteur immobilier. En quelques semaines, l'entreprise a d'ailleurs gagné de nombreux clients dans ce milieu, selon Amir Tajkarimi. Une trentaine de cabinets d'avocats et même une banque ont aussi mis à l'essai l'outil de Lexop depuis son lancement plus tôt cette année.

Apprendre d'un échec

Si le succès semble actuellement au rendez-vous pour Lexop, ça n'a pas toujours été le cas.

Amir Tajkarimi était avocat à l'ancien cabinet Heenan Blaikie en 2012 lorsqu'il a eu sa première idée entrepreneuriale. Voyant à quel point la gestion des emplois du temps de ses collègues pouvait être complexe, il souhaite alors concevoir une plateforme pour gérer les échéanciers et le travail à plusieurs.

« J'ai écrit mes idées sur un bout de papier et je les ai présentées à une agence pour savoir s'ils pouvaient mettre ça en maquette », raconte le principal intéressé.

Celui qui développera ce premier outil, Jean-Olivier Bouchard, deviendra éventuellement coactionnaire de Lexop. Michel Jamati se greffera aussi au groupe.

À coup de cafés et de rencontres avec des clients potentiels, le trio est prêt à commercialiser son produit en 2014.

Mais il y a un hic. L'idée est bien reçue, mais on ne veut pas payer pour l'utiliser.

« Ç'a été une véritable claque dans la face, raconte Amir Tajkarimi. On s'est vraiment pété la gueule. Mais ç'a aussi été la meilleure chose qui nous soit arrivée. »

En se tournant rapidement du côté du « courriel certifié », Lexop a en effet réussi à se positionner comme un leader dans ce domaine.

Après avoir gagné les cabinets d'avocats et les grands propriétaires immobiliers, l'entreprise souhaite maintenant s'incruster ailleurs au pays.

Comme son outil se conforme aux règlements de chaque province, parions qu'elle gagnera bientôt des adeptes à l'extérieur du Québec.