À l'issue des négociations entourant l'Accord de libre-échange États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC), plusieurs PME ont poussé un soupir de soulagement après plus d'un an d'incertitude. Mais tout n'est pas réglé pour autant dans certains secteurs.

Les PME ont horreur de l'incertitude. La vice-présidente principale de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), Martine Hébert, constate toutefois que l'optimisme est palpable auprès des entrepreneurs de la province. « Le niveau de confiance est très élevé au Québec, encore plus qu'ailleurs au pays, selon notre Baromètre des affaires. L'économie se porte quand même bien. Il y a aussi des signaux intéressants qui ont été envoyés de la part des gouvernements pour favoriser l'essor des PME. Au Québec, l'élection d'un gouvernement majoritaire amène également de la stabilité. »

Pour consulter le Baromètre des affaires de la FCEI, cliquez ici.



LES FABRICANTS SATISFAITS

« Beaucoup d'entreprises avaient reporté leurs projets d'investissement en raison de l'incertitude », révèle Véronique Proulx. La présidente-directrice générale de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) se réjouit donc de l'entente, qui « répond favorablement en grande partie aux demandes du secteur manufacturier québécois ».

Le fait qu'il n'y a aucune garantie que les tarifs sur l'acier et l'aluminium seront annulés préoccupe toutefois l'association.

PAS DE RÉPIT POUR LES DÉTAILLANTS

La nouvelle entente conclue entre le Canada, les États-Unis et le Mexique a de quoi décevoir les détaillants. Celle-ci permettra notamment aux consommateurs canadiens de payer moins de taxes et de frais de douane lors d'un achat en ligne fait aux États-Unis. « La situation risque de désavantager les petits détaillants, croit la FCEI. Le gouvernement devra mettre en place des mesures de soutien pour aider le commerce de détail à faire face à ces défis. »

LES PRODUCTEURS AGRICOLES TOUCHÉS

Les producteurs de lait du Québec ont pour leur part dénoncé l'AEUMC, qui ouvre la porte aux produits américains. « Nos producteurs agricoles, que ce soit le sirop d'érable ou la pêche, ont tout intérêt à développer de nouveaux marchés. Là encore, il faudra voir si le gouvernement mettra en place des mesures de soutien. Les agriculteurs soumis à la gestion de l'offre auront besoin d'un plan de transition et d'une indemnisation adéquate », souligne Martine Hébert.

MEQ souhaite également que des mesures compensatoires soient établies avec l'industrie le plus rapidement possible.

L'IMPORTANCE DE SE DIVERSIFIER

« Le mélodrame (n'ayons pas peur des mots) que l'on vient de vivre avec les États-Unis nous prouve qu'on ne doit pas mettre tous nos oeufs dans le même panier, estime Martine Hébert. On doit miser sur la diversification pour permettre aux PME québécoises de saisir pleinement les occasions qui s'offrent à elles avec les autres accords que nous signons partout dans le monde, comme celui avec l'Union européenne ou le Partenariat transpacifique. »

Véronique Proulx espère aussi que les derniers mois d'incertitude vont pousser les entrepreneurs à percer de nouveaux marchés, même si ce n'est pas toujours facile. « Pas moins de  70 % de nos exportations sont encore dirigées vers le marché américain. C'est compréhensible, mais on voit aujourd'hui les conséquences de cette dépendance envers les États-Unis. »