Les communautés cries d'Eastmain et de Waskaganish viennent d'être reliées à un réseau de fibre optique qui leur donne accès au service internet haute vitesse. Il s'agit de la deuxième phase d'un important projet de développement des télécommunications au nord du 49e parallèle.

Radisson, Chibougamau, Chapais, Matagami, Lebel-sur-Quévillon et sept des neuf communautés cries de la région d'Eeyou Ischtee - Baie-James ont profité de l'implantation de la fibre optique depuis 2011, grâce à un investissement de 29 millions de dollars.

La deuxième phase, en voie d'être terminée, a coûté près de 25 millions aux différents ordres de gouvernement et à des investisseurs privés. Les travaux ont permis le déploiement de 800 km de fibre optique. « La distance est souvent très grande entre les communautés, souligne Alfred Loon, président du Réseau de communications Eeyou, chargé de l'installation. Plusieurs d'entre elles sont situées à 100 km de la route de la Baie-James. »

UN PROJET NÉCESSAIRE

Coûteux et complexe, le projet n'en est pas moins nécessaire. « C'est un avantage social et communautaire, explique Robert Sauvé, PDG de la Société du Plan Nord. L'internet haute vitesse permet de faire du télé-enseignement, de la téléjustice et de la télémédecine. Ça va augmenter la qualité des services et faire économiser d'importants coûts de transport. »

Il faut souligner que la situation qui prévalait jusqu'à tout récemment causait bien des maux de tête.

« Quand on envoyait une radiographie vers un hôpital montréalais, on devait éteindre le fax et les téléphones, et ça prenait quatre heures ! Avec le réseau, on peut l'envoyer en un clin d'oeil. C'est la modernité qui arrive chez nous. » 

Alfred Loon, président du Réseau de communications Eeyou

La fibre optique favorisa également le développement économique, grâce à la connexion de nombreuses PME. « Par exemple, une station-service d'une communauté pourrait se connecter avec un fournisseur à Amos ou Val-d'Or pour obtenir une évaluation à distance et régler le problème d'une voiture », dit l'homme d'affaires.

S'il rêve de création d'entreprises, en particulier dans le domaine du tourisme, il croit aussi que l'internet haute vitesse attirera beaucoup de professionnels. « L'une des premières questions qu'on nous pose lors des démarches d'emploi, c'est sur la connectivité. Si les gens savent que la connexion est bonne, ce sera plus intéressant d'accepter un travail dans le Nord. » 

AUGMENTER LA ROBUSTESSE DU RÉSEAU

Au cours des deux prochaines années, le Réseau de communications Eeyou s'intéressera à Whapmagoostui, le dernier village cri non connecté. « Cela nous permettra de fermer l'anneau de fibre optique régional et d'augmenter la robustesse du réseau de façon significative. »

Suivront les 14 villages inuits du Nunavik. « Pour l'instant, on contribue au financement du contrat du lien par satellite, afin d'augmenter la bande passante, précise M. Sauvé. C'est une mesure temporaire. » 

La Société du Plan Nord finance aussi une étude pour savoir comment brancher ces communautés. « Ce sera probablement un câble de fibre optique par voie sous-marine, dit-il. C'est une solution coûteuse, mais qui vaut la peine. Les travaux débuteront très prochainement. »

Viendra finalement le tour de Schefferville, de Kawawachikamach et de Matimekush-Lac John. Sans oublier la Basse-Côte-Nord. « Le service internet de la région a besoin d'amour et de développement, affirme Robert Sauvé. On veut augmenter de façon significative la téléphonie cellulaire et l'internet dans chacun des villages, de Natashquan à Blanc-Sablon. »