Selon Daniel Asselin, de la firme Épisode, Montréal n'est pas l'endroit idéal pour organiser des collectes de fonds. En région, ce serait plus facile, dit-il. Mais à Centraide, on pense le contraire. Points de vue.

« Tout est tellement plus facile en région, lance Daniel Asselin. Les leaders disponibles pour soutenir une cause sont vite identifiés. Mobiliser des bénévoles se fait aisément. Les gens ont leur région tatouée sur le coeur. Et pas besoin d'aller beaucoup plus loin que les Basses-Laurentides et la Montérégie pour le voir. »

Cela dit, est-on plus généreux en région qu'à Montréal ?

« La générosité est sensiblement proportionnelle à la population, croit M. Asselin. Par contre, ce que nous constatons actuellement, c'est l'émergence de donateurs importants dans les régions. Le sentiment d'appartenance et le dynamisme des générations Y et Z en sont responsables. Cela nous porte à croire que les prochaines années seront intéressantes pour les régions. »

Les nouvelles technologies seront bénéfiques pour la philanthropie de demain, dit le PDG d'Épisode. « Les jeunes des générations Y et Z, grands utilisateurs des nouvelles technologies, sont des citoyens du monde qui, justement, veulent changer le monde. Tout ça va commencer dans leur propre entourage. D'ici cinq à dix ans, il va y avoir des communautés de jeunes philanthropes. À Montréal, mais encore plus en région. »

L'AVANTAGE DE MONTRÉAL

À Centraide, on perçoit les choses différemment. Le poids économique et démographique de Montréal est plutôt vu comme un avantage.

« Centraide du Grand Montréal a accès aux grands sièges sociaux, aux banques, etc., car il n'a plus besoin de présentation. En région, ce n'est pas la même dynamique. Certaines régions ont plus de difficulté que d'autres », explique Daniel Manseau, vice-président, responsable de la région du Québec, chez Centraide Canada.

Bien malgré elle, la région de l'Outaouais bat de l'aile ces temps-ci. Les dons reçus par Centraide y ont chuté de façon marquée. De 6,6 millions en 2010, les revenus de Centraide Outaouais ont reculé à 4,6 millions l'an dernier. Au-delà du secteur forestier, c'est le fonctionnariat fédéral qui, étonnamment, serait en partie responsable de cette baisse.

Les nombreux postes supprimés de fonctionnaires fédéraux et l'incertitude qui accompagne cette réalité ont rendu les gens de l'Outaouais moins généreux, soutient Nathalie Lepage, directrice générale de Centraide Outaouais.

« Ce qui nous fait mal cette année, c'est le nouveau système de paye Phénix du gouvernement fédéral qui connaît des ratés. Nos campagnes de financement en entreprise en sont affectées. Cette année sera encore préoccupante. On multiplie les gestes. Ça va finir par aller mieux. »

- Nathalie Lepage, directrice générale de Centraide Outaouais

CROISSANCE DANS QUÉBEC ET CHAUDIÈRE-APPALACHES

A contrario, Centraide Québec et Chaudière-Appalaches connaît une croissance qui ne se dément pas. Avec une économie qui roule à plein régime depuis 2008, la région de la Capitale-Nationale compte 100 000 donateurs, soit une personne sur dix.

« Oui, nous sommes favorisés par le contexte économique, mais notre croissance (20 % ces quatre dernières années) est attribuable à la notoriété de Centraide. Les gens connaissaient notre nom, mais pas notre mission. Nous y avons remédié grâce à une importante communauté de leaders qui portent notre message », explique Bruno Marchand, PDG de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches.