P.K. Subban a donné 10 millions sur sept ans à l'Hôpital de Montréal pour enfants. Pierre Bourgie, après la vente de l'entreprise familiale Urgel Bourgie, a fourni plusieurs millions pour financer le pavillon Claire et Marc Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal. Est-ce que les sportifs ont pour habitude de donner en santé et les gens d'affaires en culture ? Pas nécessairement...

ÊTRE TOUCHÉ PAR UNE CAUSE

« On donne à une cause qui nous touche, affirme Daniel Asselin, président d'Épisode, une firme spécialisée en collecte de fonds. Les sportifs ne donnent pas nécessairement en santé, mais à tout ce qui touche à la jeunesse parce qu'ils sont jeunes ! »

« Les vedettes sportives sont aussi conseillées par l'équipe marketing de leur organisation qui a tendance à favoriser des causes qui touchent le grand public et l'amateur de sport, alors c'est certain qu'une cause santé jeunesse arrive en haut de la liste », explique Christian Bolduc, associé et président-directeur général de BNP Performance Philanthropique.

LA CULTURE, L'ENFANT PAUVRE DE LA PHILANTHROPIE

C'est un mythe de croire que les gens d'affaires donnent majoritairement en culture. « Ils donnent d'abord en santé et en éducation. La culture est l'enfant pauvre de la philanthropie. Ceux qui donnent le font généralement parce qu'ils sont des passionnés », dit Daniel Asselin.

Et ces passionnés peuvent sentir qu'ils ont une responsabilité pour maintenir la vitalité culturelle. « Monsieur et madame Tout-le-Monde donnent moins en culture, alors ces gens d'affaires amateurs d'art, dont plusieurs viennent de grandes familles de mécènes, se disent que si eux ne soutiennent pas la culture, qui le fera ? », explique Christian Bolduc.

LES SECTEURS FAVORISÉS

Quels secteurs les entreprises québécoises privilégient-elles lorsque vient le temps de sortir le chéquier ?

1. Santé et éducation

2. Enfance/jeunesse et pauvreté

3. Communautaire, art/culture et environnement

Sources : études Épisode/Léger, 2013 et 2016

UNE TARTE À PARTAGER

La somme totale de 2,6 milliards de dollars prend le chemin d'organismes de charité au Québec chaque année depuis 2009, selon les études Épisode/Léger. « 2,6 milliards en philanthropie, c'est un montant considérable. La concurrence est forte pour obtenir une part. Les secteurs qui se trouvent au sommet des priorités des entreprises québécoises pour les dons ont des conseils d'administration influents et des équipes importantes qui forment des lobbys très efficaces pour aller chercher des dons », dit Daniel Asselin.

LES DONATEURS MATURES

« Les gens plus âgés donnent davantage que les plus jeunes », affirme Christian Bolduc.

Un exemple ?

En 2013, 19 % des donateurs avaient entre 45 et 54 ans, d'après Statistique Canada. Ils ont donné en moyenne chacun près de 664 $ dans l'année. En comparaison, 17 % des donateurs avaient de 25 à 34 ans et ils avaient donné en moyenne 364 $.

LES JEUNES

Si les gens plus âgés donnent davantage, les Y commencent à venir changer la donne.

« On l'a vu avec P.K. Subban, dit Daniel Asselin. Oui, ces jeunes qui donnent gagnent beaucoup d'argent, mais ils redonnent tôt à la société et ils donnent des sommes importantes. Ils veulent changer le monde. »

On ne le voit pas seulement chez les athlètes.

« Plusieurs jeunes reprennent l'entreprise familiale et ils décident de redonner une partie de la fortune de la famille à la société, constate M. Asselin. C'est un phénomène qui pourra venir changer la culture de la philanthropie au Québec dans les prochaines années. »

LES VEDETTES

Martin Matte a sa fondation pour aider les personnes victimes d'un traumatisme crânien. Véronique Cloutier et Louis Morissette ont leur fondation afin d'offrir aux personnes atteintes d'autisme de 21 ans et plus une résidence à long terme. Des vedettes en philanthropie, qu'est-ce que ça donne ?

« De la crédibilité à une cause. Et, ça rassure les donateurs, même si cela ne garantit pas toujours que plus de fonds seront amassés », affirme Daniel Asselin.

LES FEMMES

Elles ont un pouvoir économique croissant parce que leurs revenus ont augmenté considérablement depuis les années 80. Puis, leur espérance de vie est supérieure à celle des hommes. Résultat ?

« On estime que les deux tiers de la valeur des legs reviennent aux femmes en tant qu'épouses, filles ou conjointes, indique Christian Bolduc. Puis, des études montrent qu'elles ont tendance à donner et à s'impliquer davantage dans des causes que les hommes, alors il faut en tenir compte. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Véronique Cloutier et Louis Morissette ont créé une fondation afin d'offrir une résidence à long terme aux personnes atteintes d'autisme de 21 ans et plus.