Dans la hiérarchie du système professionnel, l'Office des professions du Québec et le Conseil interprofessionnel du Québec chapeautent les 46 ordres professionnels. On dit du premier qu'il est le « chien de garde » des ordres, tandis que le second se qualifie de « voix collective » des ordres. Explications.

L'Office des professions du Québec (OPQ)

Créé par le Code des professions il y a 42 ans, l'Office des professions est un organisme gouvernemental qui assure la surveillance et le contrôle des ordres. « Le législateur a réservé une grande autonomie aux ordres : ils voient à leur gestion, ils adoptent leur propre réglementation et ils s'autofinancent, explique Jean Paul Dutrisac, président de l'OPQ. Mais il faut toutefois veiller à ce qu'ils respectent bien leur mission de protection du public, tant dans leurs mécanismes que dans leurs règlements. Ce rôle revient à l'OPQ. » Voilà pourquoi on dit de l'OPQ qu'il est le chien de garde du système professionnel.

L'OPQ donne aussi son avis à la ministre de la Justice Stéphanie Vallée - dont il relève - et au gouvernement au sujet de la mise à jour du système professionnel. Par exemple, quand un groupe réclame la création d'un ordre, c'est l'OPQ qui étudie la question avant de transmettre ses recommandations au gouvernement.

L'OPQ est également celui qui propose des changements pour moderniser le Code des professions. Attendue depuis longtemps, la réforme de la loi-cadre vient de s'amorcer avec le projet de loi 98. Son but : renforcer la gouvernance et l'éthique au sein des ordres professionnels. « On répond ainsi à quatre des six recommandations de la commission Charbonneau touchant le système professionnel », signale M. Dutrisac. Le rapport de la commission a étrillé l'OPQ, affirmant que «   [...] le travail de surveillance et de contrôle du système professionnel effectué par l'OPQ est nettement insuffisant ».

« Le projet de loi nous donnera des pouvoirs supplémentaires pour requérir d'un ordre qu'il apporte des mesures correctrices s'il manque à sa mission de protection du public », estime Jean Paul Dutrisac. Le chien de garde devrait désormais avoir un peu plus de dents.

Le Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ)

BDV : Gyslaine Desrosiers a été élue présidente du Conseil interprofessionnel du Québec le 13 mai dernier. 

Le CIQ est aussi une créature du gouvernement. Mais à la différence de l'OPQ, il est considéré comme le regroupement des 46 ordres. C'est en quelque sorte leur « voix collective », comme le rappelle Gyslaine Desrosiers, qui a été élue présidente du CIQ le 13 mai dernier. « Nous sommes un forum de partage qui assure un fonctionnement harmonieux du système professionnel », résume-t-elle.

Le CIQ joue un peu le rôle de facilitateur auprès des ordres. Ceux-ci sont très différents les uns des autres. Certains sont centenaires, alors que d'autres n'ont que quelques années au compteur. Il y en a de très petits et de très gros. Leur expérience et leurs ressources sont donc à géométrie variable. Le CIQ devient un lieu où les ordres échangent leur expertise et où les moyens sont mis en commun.

Par exemple, il y a deux ans, l'organisme a créé un regroupement d'assurances collectives destiné aux 1400 employés des 46 ordres, auquel ils peuvent adhérer sur une base volontaire. « Les ordres qui n'ont pas de quoi se payer un régime d'assurances collectives peuvent désormais l'offrir à leurs employés. On mise sur le pouvoir du nombre », observe Jean-François Thuot, directeur général du CIQ.

Le CIQ est aussi un organisme-conseil auprès de l'autorité publique. Il émet des recommandations au sujet du Code des professions et du système professionnel à l'Office des professions et à la ministre de la Justice. « Tous les ordres n'ont pas les mêmes ressources pour analyser les projets de loi et les règlements. Le CIQ est là pour offrir une vision et des positions ayant une certaine cohésion », rappelle Gyslaine Desrosiers, qui a été présidente-directrice générale de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec de 1992 à 2012.