Isabelle Maréchal, l'«entrepreneure artiste»

Le public la connaît surtout comme animatrice, mais Isabelle Maréchal baigne dans le monde des affaires depuis toujours. Née dans une famille d'entrepreneurs, elle a fondé de nombreuses entreprises et obtenu son MBA il y a plus de 15 ans.

Alors qu'elle était journaliste pour Radio-Canada à Toronto, elle a fait ses premiers pas dans l'entrepreneuriat en lançant Wild News Production, une entreprise de traduction et de postsynchronisation.

De retour au Québec, attitrée aux affaires économiques au Téléjournal, elle a eu envie de se perfectionner et de s'inscrire à la maîtrise en sciences économiques. « Pour ça, il fallait que mon patron me libère deux jours par semaine pendant un an. Il a refusé. Mon désir d'être en communications et en affaires n'était pas compris. »

Cette envie d'en savoir plus et de vivre autre chose ne l'a cependant pas quittée. Après avoir accepté un contrat à Radio-Québec (aujourd'hui Télé-Québec), en pleine crise de la trentaine, mère de famille monoparentale d'un jeune bébé, Isabelle Maréchal s'est inscrite à la maîtrise en administration des affaires à HEC Montréal. 

« Ç'a été extrêmement difficile d'étudier et de travailler à temps plein. Je ne le referais pas aujourd'hui. Je n'avais pas de vie pendant trois ans. Mais j'ai toujours aimé quand ça bouge ! » - Isabelle Maréchal 

Entre 1997 et 2000, pendant qu'elle animait Les copines d'abord et qu'elle faisait des chroniques à La fin du monde est à sept heures, elle faisait son MBA. Sur les bancs d'école, elle a vite réalisé que ses univers se ressemblaient plus que certains le croient. « Être journaliste, c'est se spécialiser dans la généralité. On part d'une histoire, on ne connaît rien, on pose des questions, on fouille et on est capable d'écrire là-dessus. Au MBA, sans être spécialiste, on apprend des notions sur les finances, le marketing, les RH et la direction générale. »

Son diplôme lui a aussi permis d'être prise plus au sérieux avec ses projets d'entreprises. « D'une part, je voulais être capable de bien comprendre des états financiers. Et je ne voulais pas arriver devant un banquier en étant seulement animatrice. C'est très féminin comme réflexe, cette peur de ne pas être assez. Je me suis sentie obligée de me perfectionner. Aujourd'hui, je vois que mes filles ont un profil d'entrepreneures et je les encourage à ne pas craindre le risque. »

À force de côtoyer des étudiants de toutes les sphères professionnelles au MBA, Isabelle Maréchal a également compris quel genre de femme d'affaires elle était. « J'ai le profil de l'entrepreneure artiste. Je suis un leader qui génère la passion dans son équipe. J'aime partir d'une idée, avoir une vision de ce que je peux en faire et la mener à terme. »

C'est d'ailleurs elle qui a convaincu son conjoint, Thierry Houillon, de quitter la présidence de Danone Canada pour créer l'entreprise Anti+. « Il faisait gagner des millions à un grand groupe et c'est très bien, mais je lui ai demandé pourquoi il ne se lancerait pas lui-même. Je suis un peu l'élément qui l'a poussé dans la gueule du lion. »

Depuis 2014, elle est surtout la présidente d'iProd Média, qui a produit quantité d'émissions diffusées à Canal Vie, Historia et Vrak. Au quotidien, elle dit appliquer la plus grande leçon apprise au MBA. « Environ 80 % des affaires, c'est de gérer les gens. Malheureusement, plusieurs gestionnaires s'intéressent plus aux structures et au building qu'aux humains. Pourtant, quand tu t'entoures bien et que tu traites bien ton monde, ils peuvent t'amener beaucoup plus loin. »

Elle n'a donc pas hésité à investir pour agrandir les bureaux d'iProd, afin de créer un environnement plus agréable et très dynamique. « Ça ne rapporte pas dans le show de télé, avoir de beaux rideaux, mais ça fait partie de l'ensemble. Ça montre que tu as du respect. » Elle soutient également les employés qui veulent se perfectionner.

Se décrivant comme « une patronne qui gère dans la collégialité », Isabelle Maréchal précise qu'elle a très peu joué la carte du MBA. « Je ne suis pas allée chercher les trois lettres pour les promouvoir. Je voulais un bagage de connaissances qui allaient m'aider dans mon travail. C'est assez atypique d'étudier au MBA pour soi. »