Ce sont maintenant les personnes déjà au travail, et le plus souvent cadres, qui s'inscrivent aux divers programmes de maîtrise en administration des affaires (MBA). À HEC Montréal, par exemple, seuls 25 des 225 étudiants inscrits au MBA sont à temps plein. Les 200 autres suivent leurs cours à temps partiel.

On observe la même tendance ailleurs. Les institutions s'y adaptent. «Le maître mot est de plus en plus la flexibilité», confirme André Gascon, vice-doyen de la faculté des sciences de l'administration à l'Université Laval. «Un de nos rôles est de faciliter la conciliation travail et études.»

On va donc en classe le matin, le soir, les week-ends, toutes les semaines, une semaine sur deux, etc. Depuis un an et demi, l'Université Laval offre un MBA pour cadres en exercice qui se fait en partie en classe, en partie en ligne. «Ils sont en classe un samedi sur deux seulement. On fait un cours complet en seulement quatre semaines et en moyenne, il faut deux ans pour obtenir le diplôme.»

Cette formule est populaire: le programme de Laval a actuellement deux cohortes d'étudiants, une de 28 et l'autre de 26. «Et ça vient de partout au Québec: Montréal, Chicoutimi, Gatineau...»

Le MBA spécialisé en commerce électronique de l'Université Laval se donne, cela va de soi, complètement en ligne.

À l'Université Concordia, même tendance. «On offre une maîtrise pour cadres en exercice à la John Molson School of Business, précise Alan Hochstein, doyen par intérim de l'École. On passe une journée complète en classe chaque semaine, le vendredi ou le samedi. Et gare aux loups solitaires! Notre pédagogie est totalement axée sur le groupe. Nos étudiants forment un groupe stable, et ces gens, ensemble, franchissent les diverses étapes menant à la réussite de chaque cours.»

Défis, mentors, accompagnateurs et stages

En plus de la flexibilité des MBA pour cadres, le MBA classique, lui, s'éloigne de plus en plus, pédagogiquement, du cours magistral et de l'acquisition de contenus théoriques. «Il s'agit de plus en plus d'apprentissages empiriques (experiential learning), souligne Michael Wybo, directeur du programme de MBA à HEC Montréal. Prenons par exemple le Défi HEC. Une entreprise vient présenter sa situation. Les étudiants du MBA, en équipes, ont six semaines pour présenter une analyse et des recommandations.»

HEC propose aussi le «projet de consultation supervisée». «Ça, c'est intense! Pendant cinq semaines, à temps plein, même chose: analyse d'une situation réelle et remise de recommandations, mais sous supervision, bien sûr.»

Pour les petits ennuis (problèmes en finances, difficultés à faire des présentations publiques, etc.), HEC a ses accompagnateurs. «Ce sont nos diplômés d'expérience. L'étudiant leur confie ses problèmes et ils prodiguent leurs conseils.»

À l'Université de Sherbrooke, on fait également dans le réalisme. Tous les étudiants du MBA régulier doivent passer par un stage d'au moins quatre mois en entreprise. «Ce sont des stages rémunérés, et on n'entre pas là comme dans un moulin, avertit Jean Roy, directeur du programme de MBA à l'Université de Sherbrooke. On doit présenter sa candidature par écrit, vendre sa salade. Il y aura des entrevues de sélection et rien n'est automatique. Beaucoup sont refusés plus d'une fois avant de trouver le tour de main. Une expérience qui leur servira toute la vie!» Et, pour faire encore plus réaliste, ajoutons que quelques-uns n'y arrivent jamais.

À Sherbrooke, question formule pédagogique, on pense introduire dans un peu plus d'un an une approche comportementale. «On les équiperait pour affronter quatre ou cinq situations typiques de l'entreprise. On appelle ça le parcours de professionnalisation. On y travaille fort.»