Le projet était audacieux et risqué. Or, alors que la première cohorte du EMBA conjoint McGill - HEC Montréal vient tout juste de graduer, les étudiants ont de bons commentaires.

«La qualité des professeurs, mais aussi celle des participants était vraiment de haut niveau. C'était fantastique», affirme Roberto Sbrugnera, directeur principal trésorerie, risques et relations investisseurs, chez Metro.

Caroline Dignard, avocate de formation et directrice, affaires juridiques chez Cogeco, a pour sa part été séduite par l'approche intégrée développée par Henry Mintzberg, professeur réputé de McGill.

Vision plus large

«C'était intéressant parce que je voulais justement développer une vision plus large, comprendre les préoccupations et le langage des autres professionnels avec qui je travaille. Le programme m'a vraiment donné les connaissances et les outils pour y arriver», affirme Caroline Dignard.

Roberto Sbrugnera a aussi beaucoup aimé pouvoir réaliser les travaux de chaque module sur son entreprise.

«Dans beaucoup de programmes, les travaux se font en équipe et on travaille sur une entreprise. Quand ce n'est pas la tienne, c'est moins intéressant. Puisque nous avions la chance de faire des travaux individuels, on pouvait tout de suite appliquer la théorie à notre réalité.»

Il s'est particulièrement investi dans son travail final. «Metro se lance dans un programme de loyauté, alors j'ai fait mon mémoire sur les programmes de loyauté. J'y ai mis plus de 300 heures et j'ai remis mon dossier à la direction», affirme-t-il.

Ce qui ne signifie pas que le travail d'équipe n'est pas valorisé. «Ça se fait en classe, précise M. Sbrugnera. Il y a aussi beaucoup de discussion et d'échange.»

Au bout du compte, est-ce que passer à travers le programme change quelque chose dans le quotidien du travail?

«C'est encore tout récent, mais j'ai l'impression qu'on m'accorde plus de crédibilité et que je travaille sur des dossiers plus importants, affirme Mme Dignard. C'est certain que le fait de gérer sa vie personnelle, familiale, professionnelle et ses études en même temps, ça veut dire qu'on est capable de jongler assez vite.»

«C'est vrai qu'il faut être discipliné, renchérit M. Sbrugnera. C'est exigeant, mais c'est faisable!»

Directeurs satisfaits

Les deux directeurs du programme, Alain Pinsonneault de la faculté de gestion Desautels de l'université McGill et Louis Hébert, de HEC Montréal, sont aussi très satisfaits de l'expérience.

«La liste des risques associée au programme était longue, parce que c'était deux entités foncièrement différentes en terme de culture. McGill a une approche particulière grâce à la philosophie du professeur Mintzberg et HEC Montréal est plus près des entreprises. Finalement, je crois que nous avons réussi à tirer profit des forces de chacun et à travailler en synergie», affirme M. Hébert.

Bien sûr, après les premiers diplômés, vient le bilan. Résultat? «Louis Hébert et moi avons été présents à tous les modules et après chacun, on demandait aux participants leurs commentaires. Ça nous a amenés à faire de petits changements, comme dans l'ordre des modules», affirme M. Pinsonneault.

Le succès du programme s'explique grandement par la qualité des participants, croit d'ailleurs M. Hébert. «Ils étaient plus expérimentés que la moyenne des autres EMBA avec une moyenne d'âge de 42 ans. Il y avait aussi 40% de femmes, alors que les EMBA moyens en ont 20%. On avait également une grande diversité de professionnels.»

«Notre sélection serrée nous a permis d'arriver à un niveau de richesse impressionnant en classe et c'était très important, parce que l'approche de Mintzberg est axée sur l'expérience des participants», ajoute M. Pinsonneault.

Le EMBA McGill - HEC Montréal est un programme privé et les coûts d'inscription s'élèvent à 72 000$. Le programme se donne généralement à raison de quatre jours consécutifs par mois, avec un module d'une semaine en résidence au Québec et un à l'international.