En 2000, Louise-Marie Parisien a quitté le bureau de comptable qu'elle dirigeait pour se lancer en affaires dans le secteur hyper concurrentiel de l'eau. Treize ans plus tard, la présidente de la PME Les Eaux Saint-Léger commence enfin à récolter les fruits de son labeur. En misant sur les produits de niche, la femme d'affaires suscite de l'intérêt jusqu'en Chine, où elle a récemment envoyé quelques palettes de son eau pour nourrissons.

Les Eaux Saint-Léger produit, embouteille et distribue des eaux pures, stériles et déminéralisées. Pour traiter ses eaux, elle utilise notamment une technique d'ultra déionisation. Le précieux liquide est vendu en vrac au secteur industriel, mais aussi embouteillé, ou en vrac, à l'industrie pharmaceutique, cosmétique, au milieu hospitalier, de même qu'au consommateur moyen.

La PME de 15 employés a notamment élaboré, sous la marque Première.O, une eau stérile pour les bébés. Bref, une eau qui remplace en quelque sorte l'eau bouillie. Celle-ci a été conçue avec le concours de l'hôpital Sainte-Justine de Montréal, spécialisé en pédiatrie. Résultat, la Première.O est non seulement utilisée par Sainte-Justine et l'Hôpital de Montréal pour enfants, mais elle suscite également beaucoup d'intérêt à l'étranger.

La Chine est le premier pays à s'être montré intéressé par le produit. «Je dois rencontrer d'autres gens en Chine et je suis actuellement en négociation avec d'autres pays», dit, avec enthousiasme, Louise-Marie Parisien.

Les Eaux Saint-Léger connaît une croissance soutenue d'environ 10% par année. Ses eaux de spécialités représentent 30% de son chiffre d'affaires, lequel demeure confidentiel. Les autres 70% de ses revenus proviennent de la vente d'eau en bouteille (30%) pour le consommateur (la Québec.O) et de l'eau en vrac vendue aux entreprises du secteur industriel (40%).

L'un des objectifs de l'entreprise est de revoir ces ratios en misant sur les eaux de spécialités, entre autres par le biais de l'exportation. «L'autre élément intéressant pour nous est que les grandes pharmaceutiques (comme Baxter et Abbot; NDLR) qui commercialisent ce type d'eaux se tournent de plus en vers les produits génériques», dit Louise-Marie Parisien.

Les autres eaux de la PME (Pharma.O, destinée aux laboratoires; Stéril.O, utilisée dans les incubateurs pour bébés; Inhal.O, servant dans les appareils respiratoires; etc.), trouvent preneurs au Québec, de même qu'un peu partout au Canada. La PME vient également de créer Salin.O, pour le nettoyage de blessures.

Sauf pour la Première.O, qui provient d'une source québécoise, les autres eaux de la PME de Saint-Hubert sont puisées à même le réseau d'aqueduc de la ville.

Créneaux spécialisés

Mme Parisien, mère de quatre enfants, se dit prête à bondir maintenant qu'elle a entre les mains une flopée de produits éprouvés. «Pour moi, l'eau, c'est de l'or bleu. Et c'est ce qui m'a attirée dans ce secteur. Mais pour réussir, je devais innover, sinon je n'aurais pas survécu», dit-elle.

Difficile en effet de rivaliser avec les Nestlé (Perrier, San Pellegrino, Nestlé Pure Life, etc.), Pepsi (Aquafina) et autres Coca-Cola (Dasani, VitaminWater, etc.) de ce monde. C'est pourquoi Louise-Marie Parisien a eu le flair (sinon, le génie) de miser sur des créneaux différents que ceux occupés par les multinationales. Depuis 2006, Lyse Pilon, vice-présidente aux opérations, l'accompagne dans sa quête. Les deux femmes se partagent l'actionnariat en parts égales.

La PME a été fondée en 2000, année où Mme Parisien a mis la main sur une chaîne d'embouteillage dans la région de Boucherville. À l'époque, l'ancien propriétaire des installations venait d'hériter d'un contrat de production de solution saline pour le Groupe Jean Coutu, ce qui n'a pas manqué d'allumer Louise-Marie Parisien.